Leksander - There and Back Again.

- Leksander est né à Oxford, au sein d’une famille simple et aimante. Il a grandi au côté de ses deux sœurs, plus jeunes que lui, et sous la coupe de son père, Viktor, et de sa mère, Judith.

- Très tôt, il montra une grande passion pour la lecture, notamment des romans d’aventures et imaginaires. Il était toujours le premier à inventer et raconter des histoires à ses petites sœurs, leur offrant mise en scène et jeu d’acteur à chacune de ses représentations, qui se résumaient principalement à lui, debout sur son lit, une lampe dans une main et ses draps en guise de costume.

- Enfant toujours rayonnant, qui ne se plaignait jamais et qui ne rechignait jamais à aider ses parents. Sa mère lui répétait sans cesse qu’il avait dû être un gentleman aguerri dans une autre vie, comme Oscar Wilde qu’elle admirait. Son père, lui, disait qu’il était plutôt comme ce Sherlock Holmes, gentleman certes, mais aventurier et téméraire. Les deux avaient probablement raison, à la fois le nez dans les livres à se plonger dans des mondes fabuleux et à l’extérieur, combattant des créatures imaginaires dans des épopées qui n’avaient lieu que dans sa tête.

- Sa scolarité se déroula sans vraiment d’encombre. Leks obtenait globalement de bonnes notes, surtout en littérature et en langues. Pour le côté scientifique, en revanche, disons qu’il se contentait de survoler la chose, n’y trouvant aucun intérêt.

- Quand il atteignit l’adolescence, sa passion pour l’étude des langues s’intensifia. Il s’orienta peu à peu vers un parcours universitaire, typiquement littéraire à la grande fierté de sa famille.

- Alors qu’il obtenait son diplôme de lycéen, prêt à partir en faculté, bourse en poche, sa mère tomba malade. En à peine quelques mois, entre le diagnostic de son cancer du sein et le commencement de son traitement, elle décéda.

- Leksander stoppa ses projets d’études pour aider son père et ses sœurs à reprendre pied après ce drame.

- Un an plus tard, poussé par ses proches, il rentra finalement au Pembroke College d’Oxford. Très vite, il prit ses marques et obtint le tuteur d’études qu’il souhaitait, avec qui il noua des liens forts. Ce dernier, Ethan Carter, l’encouragea dans chacun de ses choix et lui fit découvrir l’art de la philologie, voyant en Leksander le candidat idéal pour ce genre de ‘science’.

- La famille du tuteur était américaine, et Leksander trouvait encore plus fascinant qu’un américain étudie l’ancien anglais avec autant de ferveur. Au fil des années, les familles Inklings et Carter se rencontrèrent enfin, et Leks fit la connaissance de Kathleen, la fille d’Ethan.

- Inutile de dire que ce fût un véritable coup de foudre entre les deux jeunes, et cela ne passa inaperçu aux yeux de personne. Pensant d’abord être discrets, Leks et Kate se voyaient en secret, puis leurs deux paternels respectifs leur tendirent un petit piège amusant et, la honte passée, cela devint un souvenir plutôt drôle à raconter.

- Lorsqu’il atteignit l’âge de 27 ans, après de nombreux stages aux quatre coins du globe, et un travail acharné, Leksander valida son doctorat en Philologie, linguistique et littératures anciennes. Cela voulait aussi dire que son tutorat touchait à sa fin, mais le professeur Carter ne voulait pas laisser passer l’occasion d’avoir un élément comme le jeune Inklings. Il lui proposa alors un poste à l’université d’Oxford, en tant que philologue assistant dans son propre département d’étude du vieil anglais. Il ne fallut pas beaucoup de temps à Leks pour accepter. Il en fallut un peu plus à Ethan pour accepter que son ancien élève épouse sa fille.

- Alors que sa carrière démarrait officiellement, il se mariait à la femme qu’il aimait. Un mariage plus qu’heureux, qui ne faisait que confirmer les liens forts que les deux familles avaient construits au fil du temps. Les Inklings, anciens immigrés allemands, comptaient désormais toute une branche américaine à son arbre généalogique.

- Lorsqu’il eut 33 ans, Leksander succéda officiellement à son tuteur au poste de professeur de vieil anglais. Déjà conférencier et enseignant intermittent, cette fois, il l’était à plein temps. Il continua la philologie avec Ethan jusqu’à ce que ce dernier prenne sa retraite méritée.

- Professeur passionné et aimé de ses étudiants, Inklings était soutenu par la femme de sa vie dans toute sa carrière. Kathleen admirait ce côté bienveillant et rêveur que son mari avait. Ils partirent de nombreuses fois en voyage, tous deux aimants découvrir le monde qui les entourait. Ils allèrent d’ailleurs plusieurs fois en Amérique, dans la ville natale de Kate : Santa Barbara en Californie. Là-bas, Leksander se sentait à chaque fois un peu plus vivant, comme si quelque chose lui demandait de rester. Sa femme lui disait que c’était probablement son âme antérieure qui le guidait à cet endroit-là : « Il y aura un moment dans ta vie où tout te ramènera ici, tu verras. Tu ne pourras pas lutter. » Lui, il lui souriait quand elle disait ça, rêveur, mais peu convaincu.

- Alors que les époux Inklings rentraient d’un voyage en Thaïlande, cadeau d’anniversaire de Kate à Leksander pour ses 35 ans, un sentiment de déjà vu vint assombrir la fabuleuse aventure du couple. Kathleen commença à se plaindre de fatigue et de malaise assez violents, puis un jour, Leksander la trouva en pleurs à la sortie de sa douche. Sanglotant, elle apprit alors à son mari qu’elle avait senti une grosseur sur le côté de son sein gauche.

- « History repeats itself, huh ? Well, fuck me and this life. » C’était ce que souffla Leksander à son père alors qu’il regardait le cercueil de Kathleen descendre sous terre. Il jurait rarement pour ne pas dire jamais, mais les circonstances étaient de mise. Le cœur brisé, l’âme en miettes, le jeune veuf déposa sa démission auprès du Pembroke College à peine deux mois après la mort de son épouse. Son beau-père, Ethan, tenta vainement de l’en empêcher, mais c’était trop tard. Leksander avait perdu la femme qu’il aimait plus que tout, plus que toute sa carrière. Viktor, son père, comprenait que trop bien ce que vivait son fils et tenta tant bien que mal de le soutenir. Déjà proches, les deux hommes partageaient un nouveau point commun dont ils se seraient passés.

- Il ne touchait plus un livre ni même participait aux conversations pourtant passionnantes qui l’entouraient. L’impression d’être pris au piège dans la boucle infernale qu’était son deuil, Leksander repensa une dernière fois aux paroles de sa femme au sujet de Santa Barbara. Cela pouvait ne rien vouloir dire, mais à cet instant, ça lui suffisait pour faire ses valises et prendre un aller simple pour cette petite ville de Californie. Encore une fois, malgré leur tristesse, la famille de Leks lui apporta son soutien, voyant bien que s’il restait, il allait littéralement se laisser sombrer. Ethan Carter lui confia même le contact du conservateur de la vieille bibliothèque de la ville. Un dernier geste d’un tuteur à son ancien étudiant.

- D’abord simple consultant en langues étrangères au sein de la bibliothèque pendant 2 ans, Leksander posa définitivement ses valises à Santa Barbara quand le conservateur lui céda sa place. Arrêtant alors ses allers-retours incessants entre les USA et le Royaume-Uni, il prit un appartement et prit conscience de son nouveau départ à la prise de ce nouveau travail.

- Son éveil eut lieu à ce moment-là, confirmant alors beaucoup de choses dans la vie de l’anglais et donnant sens aux paroles de Kathleen. Sa place était dorénavant à Santa Barbara, Californie, et même si le climat était trop chaud à son goût, il se sentait enfin libéré d’un poids étouffant depuis le décès de sa femme. Tolkien, lui apportait ce ‘plus’ de sérénité et lui faisait découvrir une partie de lui-même qu’il n’avait alors que soupçonnée. L’acceptation, étape finale du deuil, accompagna cet éveil.

- Cela fait maintenant 4 ans que Leksander est arrivé à S.B. et il vient de passer les 40 ans. Sans aucun mal d’ailleurs. Toujours fidèle à lui-même, même encore plus, il se complaît dans ce qu’il fait. Bien qu’il ait abandonné sa carrière de professeur, il continue la philologie et l’analyse littéraire des langues étrangères. Son statut à la bibliothèque lui offre une étendue d’ouvrages à portée de main et un accès à ceux du monde entier. Bien qu’il ait son bureau privé, il n’est jamais surprenant de le croiser entre deux allées de livres, appuyé contre une étagère à bouquiner consciencieusement, assit à une table en train d’annoter un ouvrage, ou encore de le voir assit au milieu d’un groupe d’enfants faisant la lecture animée de contes et autres histoires fantastiques comme il le faisait pour ses petites sœurs quand il était plus jeune (Bilbo fait souvent son apparition d’ailleurs.). Beaucoup connaissent maintenant sa carrière, notamment les étudiants de Santa Barbara qui viennent lui demander des conseils et de l’aide, qu’il apporte toujours avec grand plaisir. On ne change pas un professeur, ni un homme passionné. Oh, il n’est pas difficile à reconnaître, il a conservé tout ce qu’il avait d’anglais, y compris son accent, sans parler de son allure tout le temps soignée et de son sourire qu’il arbore la plupart du temps.

John Ronald Reuel Tolkien (J.R.R.) est né un 3 janvier de l’année 1892 en Afrique du Sud suivi de peu par son petit frère. Trois ans plus tard, ne supportant finalement pas le climat du continent, la mère et ses fils retournent vivre en Angleterre en 1895. Malheureusement, le père de John, meurt en 1896 d’un rhumatisme infectieux avant même d’avoir pu rejoindre les siens. John R. R. grandit alors en campagne anglaise, avec son frère, et sa mère qui élève seule ses enfants. Femme intelligente, elle les initie d’ailleurs aux langues étrangères, révélant chez l’aîné Tolkien une passion indéniable. Il écrivit même sa première histoire lorsqu’il avait sept ans.

S’en suit une scolarité exemplaire, J.R.R. devint boursier très tôt à la King Edward’s School. Autodidacte, il décida rapidement d’apprendre le vieil anglais seul. Mais une nouvelle tragédie survint chez les Tolkien, leur mère décéda des suites de son diabète en 1904. Les deux frères furent confiés au père de l’Oratoire de Birmingham, puis à leur tante. J.R.R. rencontra sa future femme, Edith, quelques années plus tard, mais leur relation ne fut pas vue d’un bon œil de la part du père de l’Oratoire qui interdit aux jeunes de se voir. Brillant élève, passionné par la botanique et les langues anciennes, Tolkien entra en 1911 (après un premier échec) en tant que boursier à l'Université d'Oxford où il étudia les langues, la philologie et la littérature anglaise. Le jour de sa majorité, en 1913, Tolkien écrivit à Edith pour la demander en mariage. La jeune femme était promise à un autre, mais elle rompue ses fiançailles pour épouser Tolkien. Ils célébrèrent leurs fiançailles à Warwick en janvier 1914.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, en août 1914, Tolkien était en vacances en Cornouailles ; il écrivit peu après le poème Le Voyage d'Éarendel, première partie de la future mythologie du Silmarillion. L’anglais fût rapidement appelé sur le front, où il servit en tant que sous-lieutenant. Son quotidien fût celui de beaucoup d’autres jeunes hommes à ce moment-là : horrible. En 1916, il tomba malade, victime de la fièvre des tranchées, une maladie transmise par les poux, il est renvoyé en Angleterre le 8 novembre. Il perdit, dans cette guerre, deux de ses plus proches amis. Beaucoup de personnages furent inspirés par eux, et d’autres personnes que l’auteur a croisé dans sa vie, mais les soldats courageux inspirèrent le personnage préféré de l’écrivain : Sam Gamgee (du Seigneur des Anneaux, et si vous ne voyez pas qui c’est… vous êtes un stupide Hobbit joufflu.).

Tolkien, déclaré inapte au service militaire, devint professeur de littérature anglaise et poursuivit la rédaction de ses Contes perdus commencés pendant la guerre, premiers textes mettant en scène la Terre du Milieu. Devenu professeur de vieil anglais à Oxford en 1925 au Pembroke College, et lui-même devenu tuteur, il commença à écrire Bilbo le Hobbit qui sera publié en 1937. Inutile de dire que ce fût une réussite. C.S. Lewis, auteur du Monde de Narnia, fut un grand ami de l’auteur. Tous deux devinrent membre du club des Inklings, où se réunissaient des auteurs dans le seul but de se soutenir et s’encourager au milieu de thé et de biscuits anglais.

Tolkien créa un monde fantastique autour de la Terre du Milieu et inventa également tout un univers de langues imaginaires, la plus connue étant celles des Elfes (les plus connus étant Galadriel, Arwen ou encore Legolas et Thauriel (oui, là, c’est un pur ajout de fangirl]). Fort de ce succès, Tolkien se lança ensuite dans la rédaction de son œuvre magistrale, Le Seigneur des Anneaux qu’il finira en 1948, après une décennie d’écriture, et qui sera publié au milieu des années 1950. Le succès fût à nouveau au rendez-vous et Tolkien devint une célébrité à l'origine du renouveau de la fantasy comme genre littéraire.

Il prit sa retraite universitaire en 1959. Dans les années qui suivirent, il acquerra une célébrité croissante en tant qu’écrivain. S’en suivit un nouveau travail, sur la suite des aventures des Hobbits, elfes, et autres créatures. Pendant vingt ans, Tolkien s’appliqua à écrire Le Silmarillion. Œuvre qui ne connaîtra jamais de fin.
Sa chère Edith disparue alors à l’âge de 82 ans, en 1971. Son épouse l’ayant soutenu tout au long de sa vie, et lui, lui apportant un amour sans fin, il fit graver le nom Lúthien sur la stèle de celle-ci. Un personnage d’un de ses contes, inspiré par la femme qu’il aimait.

Veuf, Tolkien revint à Oxford. Logé par un vieil et fidèle ami, il fût alors fait commandeur de l’ordre de l’Empire britannique par la reine Elisabeth II. Ce fût donc en tant que Sir John Ronald Reuel Tolkien, qu’il mourut le 2 septembre 1973 à l’âge de 81 ans. Le nom Beren rejoignit celui de Lúthien sur la tombe des époux Tolkien.
Cet auteur a laissé derrière lui beaucoup plus qu’il ne l’aurait imaginé. Il a offert un univers fantastique où n’importe qui, enfant comme adulte, peut rêver et devenir qui il souhaite, l’espace d’un instant, au fil des pages. Cet univers imaginaire est arrivé jusqu’à un Néo-Zelandais, qui, en 2001, offrit au monde entier l’adaptation cinématographique des romans de Tolkien. Devenus incontournables sagas de la culture d’aujourd’hui, Le Hobbit et le Seigneur des Anneaux ne cesseront jamais d’inspirer l’imagination de nombreuses personnes, comme ici, celle d’une rpgiste rêvant secrètement d’assister aux feux d’artifices de Gandalf ou de faire des ronds de fumée avec Bilbo Baggins (et si y’a Legolas, Kili, Aragorn, Thranduil, Thauriel, Bard ou qui sais-je encore… ça serait cool, just sayin’).