A reader lives a thousand lives before he dies. Ft. Erin

A reader lives a thousand lives before he dies

Erin MacLeod , &  @Kenneth J. Goodwill

Comme souvent, je trainais à la bibliothèque. J’aimais ce monde, qui n’était pas un monde qui m’étouffais, mais qui était posé et calme, dans l’ambiance tranquille du lieu.  Aujourd’hui, j’avais deux objectifs. Bosser et emprunter des livres. Armée de mon casque, de mon téléphone et de mes cours, je me plongeais dans une dissertation en histoire, me levant de temps à autre pour aller chercher une information dans un livre.  Après une séance de travail intense, j’émergeais de ma bulle de travail, satisfaite du résultat. J’enlevais le monde avion de mon téléphone et le consultais. J’avais deux messages. Un d’Elisabeth, ma sœur qui prévenait la famille qu’elle venait manger avec nous demain soir. L’autre était un message de Morgan, me demandant si je comptais camper à la bibliothèque ou rentrer manger ce soir. Oui, encore une histoire de nourriture, je sais. Je range mes affaires et les déplace dans un  coin, au cas où quelqu’un voudrait prendre ma place et part à la recherche de nouveaux livres à lire dans la section roman.

Les titres défilent sous mes yeux. J’en prends un, je regarde la couverture, je lis le résumé, je repose. Je fais ça plusieurs fois de suite, jusqu’à ce que ma main se referme sur mon livre préféré : Les Misérables, de l’écrivain français Victor Hugo. Je possède l’intégralité du livre en français à la maison, ramené d’un séjour à Paris. Cette version là et en anglais et bien que de belle taille, beaucoup de passages sont enlevés. Je le sais parce que la première fois que j’ai lus ce roman, c’était avec ce livre-là. Une voix s’élève alors de derrière moi. Celle d’un garçon qui commente mon choix. Je me retourne alors et découvre Kenneth…Goodwill si mes souvenirs sont exactes. Il est au lycée. Il me semble avoir entendu des trucs sur lui. Comme quoi il ne serait pas toujours dans la légalité quand il travail. Il me semble l’avoir déjà vu avec Bella. Mais je ne sais rien de plus. Alors je me contente de le regarder et de lui répondre :

« Je sais que c’est un bon choix. J’ai lus plusieurs fois la version intégrale en français. C’est un classique, mais aucun livre récent ne m’a passionné autant. Et pourtant, j’en ai lus des livres ! En français, en anglais, des romans, des livres historiques… Mais j’ai un faible pour les histoires de miséreux français du dix-neuvième siècle ! Tu cherches quelque chose ? Je t’avoue que je ne t’aurais pas imaginé te croiser dans une bibliothèque et encore moins dans la section roman. »

A reader lives a thousand lives before he dies

Erin MacLeod , &  @Kenneth J. Goodwill

Sa réponse fait mouche, je dois bien le reconnaître. Je redresse la tête, fière, le regard plein d’assurance mais teinté d’une lueur de malice, avant de lui répondre, comme si sa remarque ne m’avait absolument pas touchée : « Ouais, rien que ça. » Lorsque je lui demande ce qu'il fait ici, ma réponse semble le toucher aussi. Mais en même temps, je n'allais pas faire semblant de ne pas être surprise ? C’est pas parce qu'il a l'air d'un idiot, juste qu'il a clairement pas la réputation d'un gars à traîner dans une bibliothèque par plaisir. Je croise les bras en fermant le livre dedans. «T'as pas l'air idiot. C'est juste que t'as une réputation comme moi, d'être comme moi, celle d'être une Miss je-sais-tout. Je suis certaine que c’est uniquement comme ça que tu me connais. Avec peut-être en bonus le fait d’être une raba-joie féministe et écolo. »
Par contre, je suis carrément vexée par la remarque qui suit, comme quoi on se renvoie la balle : un coup, c'est moi qui le vexe, un coup, c'est lui. Ca parrait peut-être absurde mais l'idée que ce gars n'est qui n'a pas la réputation du siècle pense avoir lus plus que moi me vexe. Grand dieu, je suis quand-même Erin MacLeod, j’ai une réputation à tenir ! « Et moi je suis sûre du contraire. Tu penses avoir lu plus que moi alors que je suis la première dans toutes les matières ? » Je le regarde pleine de défis, ce Kenneth ne pouvait décemment pas prétendre avoir lu plus de livres que moi, ça, non !