Quelque part en 2011 • • • Mes parents, ils sont jamais là. Mon père tourne un film quelconque au Canada, ma mère est en tournée... Avec mes soeurs, on est censé avoir une nounou. La blague, une nanny à 17 ans... Ils m'ont pris pour qui ? Quand cette dernière s'est présentée la première fois, je lui ai claquée la porte à la gueule, disant que c'était une erreur et qu'on n'avait pas besoin d'elle. Bref. Allez savoir pourquoi, elle n'est jamais aller se plaindre à mes parents, ce qui fait mon affaire. Bref, tout cela pour dire que quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Les jumelles ne sont pas là aussi, à courir à droite et à gauche. J'ai décidé d'organiser une soirée chez moi. Et tout le monde sait comment ça se passe. Ce n'est pas le genre de fête sage où on boit que de la bière, jouant au billard et en échangeant quelques bisous. La décadence est présente. Eeeeet... C'est comme ça qu'on arrive au lendemain. Tu ferais mieux de te réveiller Bloom. La voix dans ma tête me parle encore. A cette époque, je comprends plus ou moins à comprendre que c'est comme ça que se manifeste ma réincarnation, que c'est Kurt Cobain. Pourquoi, comme les autres, je n'ai pas simplement retrouvé mes souvenirs de cette vie passée ? Non, pour moi, il a fallut que ça me provoque une sorte de schizophrénie bizarre. Je finis par ouvrir les yeux, avec difficulté. Mal de crâne, gorge sèche, envie de vomir... Ouais j'ai la gueule de bois. Il y a un gars avec moi dans le lit, je ne vois pas encore sa tête, mais je ne suis pas étonnée. Je peux être assez frivole quand j'ai bu. Et quand tu es sobre aussi. Haha. Je me redresse et m'étire avant de prendre une cigarette qui trainait sur ma table de nuit. Une fois allumée, je soupire, partant dans mes pensées. Ouais, parfois il m'arrive de réfléchir et je me demande où j'en suis dans ma vie jusqu'à présent. Je me dis que je suis un cas désespéré, mais je trouve aussi que ça me correspond bien et je n'en suis pas plus malheureuse. Il faudrait peut être que tu réveilles le gars à tes côtés. Kurt à raison. Coinçant ma clope dans le coin de mon bec, je secoue le Romeo d'un soir. "Faut que tu bouges !" Ouais, je sais, je suis super délicate. C'est là que je vois sa face et je me dis que j'ai vraiment dû abuser de l'alcool hier. Il s'agit de Luther. Ouais, le petit frère super méga chiant de ma frennemie préférée Nastia. Un petit con qui couche à droite et à gauche. Qui se ressemble s'assemble... Je préfère ignorer la voix dans ma tête avant de dire par pitié. "Oh putain, ne me dis pas que j'ai couché avec... TOI !"

Quelque part en 2011 • • • Tu sais Bloom, on dit toujours que même dans l'ivresse, on reste lucide. Je ne serais pas étonné que ce ne soit pas un hasard si tu as couché avec lui. J'ignore la voix dans ma tête. Surement parce qu'il a raison. Mais un chouïa seulement, il ne faut pas exagérer. C'est vrai qu'il m'attire. Mais cela est purement physique. Dire qu'il est laid reviendrait à avoir de la merde dans les yeux. Pour sa personnalité, j'ai plus de mal. Déjà les gars qui couchent avec des nanas à droite et à gauche, ça m'énerve. C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Et puis il est totalement imbu de sa personne aussi, ce qui me met hors de moi. Je ne veux pas me répéter, mais encore une fois, c'est l'ho-. Ouais ouais je sais... Au final, Luther et moi, on est plutôt semblable et c'est peut être pour cette raison que je sais que nos personnalités ne pourront pas coller. Ça et le fait que, quand on était gosse, il passait son temps à me tirer sur les cheveux et ça, je lui en veux toujours. Dis celle qui l'a poussé du toboggan... La voix de Luther me sort de mes rêveries. "Déjà, arrête de hurler, merci." Je ris un peu jaune avant de dire. "Oh mon mignon, si tu trouves que là je suis en train de hurler, tu n'es pas prêt pour ce qui t'attends..." En réalité je suis plutôt narquoise. J'élève rarement la voix et je fais tout mes coups en douce... Autrement dit la meilleure manière de se comporter. "Et ensuite, j’ai des vagues souvenirs que c'est pas ce que tu disais hier soir." Je lui donne un coup sur l'épaule avant de lever les yeux au ciel. "T'es con." Mais en vrai, j'aimerais bien m'en souvenir de cette soirée. Même s'il est prétentieux, je n'en doute pas qu'il doit être un bon coup au lit. Note à moi-même : arrêter les mélanges coke-vodka... "Tu sais, c’est pas si mal, ça fait longtemps que je te vois me regarder chaque fois qu’on se croise, c’était inévitable !" Je grimace. Il a une part de vrai dans ce qu'il dit, mais je suis bien trop fière pour l'avouer. "Arrête de prendre tes rêves pour des réalités." Quand je le vois prendre son portable pour m'ignorer, ça m'agace. Je me doute bien que c'est sans doute ce qu'il cherche à faire mais mon corps réagit avant mon cerveau. Je prends son portable avant de le balancer plus loin sur le lit. J'espère qu'il n'est pas cassé... Non, à vrai dire, je m'en fous "Et quand on parle à quelqu'un, on le regarde dans les yeux !"

Quelque part en 2011 • • • J'essaye de jouer la fille détachée, mais je dois bien avouer que mon coeur est en train de tambouriner dans ma poitrine. Ça doit être à cause de l'énervement. Ouais ouais, parce que tu t'énerves, bien sur... Je ne vois pas ce que ça peut être d'autre. Il m'énerve vraiment ! Il réagit à peine quand je lui parle et d'habitude, je ne laisse personne indifférente. Au lycée, les garçons se battent pour pouvoir être avec moi. Très clairement, aucun ne te connait vraiment... J'ignore ce que peux me dire Kurt, car je sais dans le fond qu'il a raison. Si on me connaissait vraiment, personne ne voudrait être avec moi. Au final, c'est pour ça que c'est bien plus facile de repousser les gens... Luther semble prendre au mot quand je lui dis de me regarder dans les yeux car il rapproche son visage du mien."Tu veux dire comme ça ?" Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit soudainement aussi près de moi et je déglutis. Mais je ne me laisse pas démonter pour autant et je soutiens son regard. Qui de nous deux craquera en premier ? Pas moi, c'est sur. J'y mets un point d'honneur. "Tu peux le dire que tu veux toute mon attention maintenant que t'es un peu moins bourrée Bloom, personne ne t’en voudra de céder à la tentation Luther." Je rigole doucement. Ce petit côté présomptueux le rendrait presque charmant. Mais s'il veut vraiment jouer à ça, il va perdre. Je passe une main dans ses cheveux, tout en soutenant son regard, avant de dire "Oh Luther, je crois que tu confonds. C'est quoi qui veut toute mon attention et qui va devenir accro à moi..." Il vaut mieux que je fasse attention, car j'ai l'impression que je vais commencer un jeu auquel je vais prendre un peu trop goût.

Quelque part en 2011 • • • Je continue de caresser machinalement ses cheveux, mes yeux plongés dans les siens. Je n'avais jamais pris le temps d'observer son regard, en temps normal, je le fuyais, mais je dois bien avouer qu'il y a quelque chose dedans qui m'hypnose. Je n'arrive plus à m'en détacher. En cet instant, je n'ai pas envie que ce moment s'arrêter. Je me sens bien avec lui, juste tout les deux, sans penser à rien à part ce petit jeu entre nous deux. La preuve, je n'entends même plus les remarques sarcastiques de Kurt. Ces moments sont très rares et en général, ils arrivent quand je suis bien."Dixit celle qui m’a dit de me barrer et qui se retrouve à éloigner mon téléphone parce que je ne la regarde pas." Luther se rapproche de moi. Nos lèvres sont proches maintenant, se frôlant. Il ne suffirait que d'avancer d'un millimètre pour qu'elles se touchent complètement. "C'est juste une question de politesse..." dis-je dans un murmure, à peine audible. J'ai bien compris son petit jeu. Après tout, j'apprécie y jouer. Mais ma fierté m'empêche d'aller plus loin, je refuse de perdre et je décide de le faire savoir. "Je ne céderais pas..." Encore une fois, ma voix se transforme en murmure. J'ai peur que si je détourne le regard ou que je parle normalement, cela casserait cet instant. Je peux rester des heures comme ça s'il le faut.

Quelque part en 2011 • • • Un rire sort des lèvres de Luther et je détourne le regard. Je n'aime pas tout ce qu'il me fait ressentir. J'ai envie de le gifler et de l'embrasser en même temps. J'ai l'impression que ces sentiments contradictoires vont me rendre dingue. Mais je continue de faire bonne figure. Hors de question ne serait-ce que de monter un minimum de faiblesse. "De la politesse, bien sûr Bloom, essaie de te convaincre avec ça." Je ne réponds pas et je continue de soutenir son regard. Je ne sais pas combien de temps s'est découlé. Une seconde ? Des heures ? J'ai l'impression que le temps s'est suspendu dans cette chambre. Brisant l'ambiance, presque, religieuse qui s'était installé, Luther posa ses lèvres dans le creux de ma nuque. Tout mon corps frissonna en réponse. Un sourire s'afficha sur mes lèvres. A mes yeux, j'avais gagné, il était le premier à avoir cédé. Maintenant, tout ce que je voulais, c'était plus. Je glisse ma main dans ses cheveux, accueillant chacun de ses baisers. Avec une délicatesse, qui ne me défini par forcément, je prends son visage entre mes deux mains, avant de l'attirer au mien. Je reste quelques secondes supplémentaire à l'observer. Un moment de remord ? Non, ça je prendrais le temps de le faire plus tard. Je veux juste profiter de chaque détail caractérisant la beauté de Luther. Je lui souris doucement avant de dire "Ce qui se passe dans cette chambre, reste dans cette chambre. D'accord ?" Certes, cette fois, on ne pourra pas le mettre sur le coup de l'alcool. Mais de toute manière, il faut se rendre à l'évidence. Entre Luther et moi, c'est purement de l'alchimie sexuelle et ça n'ira jamais plus rien... N'est-ce pas ?