J'ai toujours mis un point d'honneur à être le plus disponible possible pour mes clients , d'être à l'écoute. Je ne suis pas psychologue , je suis là pour défendre leurs droits , mais je sais combien une oreille attentive peut tout changer chez une personne en souffrance. Je le sais pour l'avoir vécu quand Aaron est mort. Les démarches judiciaires étaient un vrai cauchemar , des procès à répétition pour finalement pas grand chose , et si je peux rendre cette épreuve plus supportable pour mes clients qu'elle ne l'a été pour moi, alors je suis heureux.

J'ai beaucoup travaillé pour avoir la stabilité de l'emploi que j'ai aujourd'hui. Qui plus est à Santa Barbara , bien que mon cercle d'affaires se situe aussi dans les alentours.
2 ans que je suis ici , 2 ans que je sais qui je suis , toujours troublé par la fait d'avoir une page Wikipedia à mon nom , troublé d'avoir les images d'un assassinat toujours aussi nettes dans mon esprit.

Aujourd'hui , c'est normalement mon jour de congé. J'en profitais pour méditer sur les passages des saintes écritures que j'étais en train de lire , lorsque mon portable pro s'est mis à sonner. J'évite de l'éteindre , sauf pendant mes grandes vacances. Ayant relativement peu d'années de métier , je ne suis pas encore agacé par les appels incessants.
C'est un de mes clients , quelques peu paniqué à la suite de son rendez-vous chez le psy , si je comprends bien car celui-ci possède...euh....d'accord. Je dois dire que oui , c'est assez inhabituel pour être souligné. Puis , mon client n'est pas forcément dans le meilleur état qui soit pour ce genre de "blagues" , ce qui peut se comprendre. Je lui propose donc , afin de le rassurer , de passer chez le fameux psy pour constater ce qu'il en est.

Rosewood. Le nom me dit brièvement quelque chose , bien que je ne parvienne pas à remettre le doigt dessus. Enfin , peu importe. Il semble que je vais devoir sortir...Du moins , j'attends la soirée avant de me rendre au bureau de Monsieur Rosewood. Il y a probablement à faire , et je ne voudrais pas le déranger dans son travail.

J'y arrive donc en fin d'après midi , m'annonçant et attendant patiemment que l'homme soit disponible. Quand il l'est , et qu'il me fait entrer dans son bureau , je lui adresse un sourire poli , bien que sincère , avant de lui serrer la main :

"Bonsoir Monsieur Rosewood. Je suis Michael Walker. Je suis avocat. Je venais vous rencontrer à la suite de l'appel d'un de mes clients qui est également venu vous voir. À vrai dire , il a été perturbé par votre collection littéraire...et je crois comprendre pourquoi." , j'ajoute sans méchanceté , simplement un peu amusé en remarquant les titres de ces ouvrages biographiques posés sur son bureau. Je ne suis pas un grand expert des tueurs en série mais...Il y en a dont j'ai logiquement entendu parlé , bien entendu.

Ce monsieur Rosenwood me semble "normal" de prime abord lorsque nous échangeons une poignée de main et un sourire. C'est plutôt sa collection littéraire qui peut effectivement inquiété. Enfin , un psy n'est jamais totalement normal , pas vrai ? À moins que ça ne fasse partie des innombrables clichés que l'on peut entendre sur eux. J'aurais pu en consulter un après la mort de mon frère , mais j'ai coupé court assez rapidement. À vrai dire , je n'étais pas très à l'aise dans cette ambiance avec quelqu'un qui me fixe en attendant que je déballe ce que j'ai sur le coeur. C'était étrange.

Je me suis perdu brièvement dans mes pensées , et je reprends le fil de la conversation quand le jeune homme me tend un badge que je prends le temps d'examiner. Le FBI ? Rien que ça. Eh bien , on dirait que la situation est quelque peu plus complexe que ce que j'avais pensé à la base , et je relève les yeux vers lui quand il commence à parler. Au moins , il avait remarqué le trouble de mon client. Mais , effectivement , la présence de ces livres peut s'expliquer par son métier et son installation récente. Cela dit , ce n'est peut-être pas judicieux de les laisser à la vue de tous , de cette manière , conscient que cela peut heurter quelques esprits déjà tourmentés :

"Je comprends mieux. Je vous souhaite du courage pour ranger tout ça. J'ai conscience que ce n'était l'as volontaire , mais prenez garde à ne plus effrayer vos patients." , je réponds finalement avec un sourire sincère , sans véritable reproche. "Je peux vous demander ce qui vous amène dans cette ville ?" , je me montre soudain un peu plus curieux.

Les gens de Quantico ne courent pas vraiment les rues dans le coin , il faut bien l'admettre . Mon regard suit ses mouvements jusqu'à sa machine à café, petite déformation professionnelle. Je me suis habitué à épier les gestes des autres pour m'en servir en procès. Le langage non verbal est une mine d'or d'informations.

"Je prendrais bien un café. Merci." , ce qu'il ajoute me fait rire doucement. On dirait que monsieur Rosenwood a le sens de l'humour. Ça rassure quant à sa personnalité , et son manque d'envie de réellement traumatiser mes clients. "Je pense que je vais l'appeler pour le rassurer , tout d'abord. Cela dit , je pense qu'il sera bien que vous repreniez un rendez-vous avec lui , si cela est possible dans votre agenda. Ça devrait pleinement le rassurer sur vos intentions. Il en a besoin avec ce qu'il traverse en ce moment." , je retiens un soupire. Mes clients ont tous des histoires tristes ou traumatisantes. Pendant mes études , on nous disait régulièrement de ne pas trop nous impliquer émotionnellement mais...Je ne suis vraiment pas doué pour ça. Je m'attache et m'implique souvent un peu trop.

"Oui ! Je vivais à New-Yok auparavant. J'y ai fais les études et exercer quelques temps là-bas, avant de m'installer par ici. Nous nous étions croisés ?" , je demande.

En effet , si il m'a posé la question , c'est qu'il doit se souvenir d'un événement. Pour ma part , si son nom m'a dit quelque chose , je ne l'associais pas spécialement au travail. Mais , mon souvenir peut effectivement venir de là. On travaille avec beaucoup de personne en assez peu de temps , alors il n'est pas aisé de se remémorer chacune des personnalités que l'on a pu croisé.