C'est un gars qui rentre dans un bar et qui dit: "salut, c'est moi !", mais en fait, c'était pas lui. ➸ Parthur #1

C'est un gars qui rentre dans un bar et qui dit: "salut, c'est moi !", mais en fait, c'était pas lui.

@Paul Whittaker & Arthur D. Porter

L'after-work allait bientôt démarrer, ce qui voulait dire pour Arthur, le début de son heure de pointe. Il bossait au moment où les autres quittaient leurs bureaux, classique. Et qui disait after-work, disait happy hour, le bar se retrouva vite bondé. Arthur aimait bien ça. Quand il bossait, il n'avait pas le temps de penser et de laisser son esprit vagabonder dans des pensées négatives. Heureusement, ces derniers temps, il allait bien. Il n'était ni dans une période maniaque, ni dépressive, il était juste stable... Mais pour combien de temps ? Il essayait de profiter au maximum de ce moment où sa maladie ne l'influençait pas.

Que celui qui disait que le métier de barman était simple, pouvait aller se faire foutre. Surtout aux heures de pointe comme ça. Arthur voyait des visages défilés les uns après les autres, des mains qui tendaient des billets, entendait des commandes qu'à moitié à cause d'un brouhaha ambiant. Les premiers jours étaient difficiles, mais maintenant, il était habitué. Il remplissait machinalement les pintes de bières comme s'il avait fait toute sa vie. Une machine bien huilée, il faisait les gestes mécaniquement, sans se poser des questions, sans vraiment faire attention aux clients en face de lui. Pendant l'happy hour, il ne prenait pas le temps de discuter avec les gens, il n'en n'avait pas. Il regardait à peine les visages des personnes en face de lui, se concentrant sur sa tâche.

Alors pourquoi cette fois là, il leva la tête ? Il ne serait lui dire, mais quand une voix grave lui demanda des bières, il répondit machinalement "Je vous fais ça", il leva la tête et son regard croisa celui du client. En une seconde, il le reconnu. Paul... Pourquoi ? Comment ? Il ne savait pas, mais de surprise, il laissa tomber le verre qu'il avait entre les mains. "Merde !" Il prit un torchon pour éponger la bière, tout en essayant de se remettre de ses émotions. C'était lui, il en était sûr. Paul. Verlaine. Même à travers les décennies et avec un nouveau visage, il le reconnaissait. Il l'avait cherché pendant un moment, avant d'abandonner, se disant que s'ils devaient se retrouver, il laissait le destin s'en charger... Il avait eu raison. Et puis le reconnaitre ainsi, cela prouvait bien qu'ils étaient encore liés.

Il releva la tête, observant le visage de son ancien amant, tout en se posant des questions. Était-il au courant de qui il était ou était-il encore dans l'ignorance ? Il avait envie de lui sauter au cou, mais s'il était encore une âme endormie, il le prendrait pour un fou... Mais maintenant qu'il l'avait retrouvé, il ne devait pas le laisser filer. Il devait jouer le tout en finesse... Ce qui n'était pas son fort. Il prit une inspiration tout en disant "Cela fait longtemps qu'on ne s'est pas vu... N'est-ce pas Paul ?". Il lui servit les bières tout en lui offrant un sourire, même si intérieurement il se sentait anxieux, guettant sa réaction.

C'est un gars qui rentre dans un bar et qui dit: "salut, c'est moi !", mais en fait, c'était pas lui.

@Paul Whittaker & @Arthur D. Porter

Comme la plupart des vendredis soirs après le boulot, Paul est de sortie avec certains de ses collègues. Nombreux sont ceux qui refusent de faire l'impasse sur cet after-work d'avant week-end. En ce qui le concerne, il n'a plus tellement l'occasion de sortir avec ses anciens amis, depuis que sa vie s'est radicalement stabilisée. Il n'a pas perdu le droit de sortir, pour preuve ces fameux after-work. Mais la plupart de ses anciens amis ont pris des routes plus ou moins différentes de la sienne. Vivent dans des villes différentes, ont des rythmes de vie différents et des familles à gérer, tout comme lui. Alors désormais ses limites sans sa petite famille, se font principalement avec la bande de collègue. Quand il n'a aucun plan, en famille, de prévu pour le vendredi.

Ce soir, son épouse aussi s'est offerte une petite soirée en copines et a laissé leurs enfants entre les mains d'une nounou à laquelle ils font parfois appel, quand ils décident de sortir juste tous les deux. Ce qui arrive de plus en plus rarement depuis quelques temps. L'amour ne s'est pas tout à fait fait la malle. Mais il n'est plus aussi beau ni aussi intense qu'à leurs débuts. Pour l'occasion, parce qu'il est le dernier à se faufiler dans le bar bondé à cette heure ci, il est de corvée de commande. Alors il rejoint le bar derrière lequel un jeune tatoué remplis des verres à une cadence infernale sans relever le nez. Il ne le fait qu'après avoir répondu à Paul. Et dans le mouvement, il fait tomber le verre qu'il tenait du bout des doigts.

"Je suis désolé. C'est de ma faute ? Oui. Non. Peut-être. Il n'en sait rien mais part tout de suite de l'idée que c'est le cas. Parce qu'il est du genre à craindre de déranger, d'être de trop, d'être envahissant. C'en est presque maladif chez lui. Mais la lueur de surprise qu'il a eut le temps de voir dans le regard de l'autre, le pousse à s'imaginer tout et n'importe quoi. Quand finalement le jeune homme se redresse et dépose les bières devant Paul, il reprend la parole et l'appelle par son prénom. "On se connaît ?" Cela semble en tout cas être son cas, à lui qui l'a appelé par son prénom. En lui posant cette question, il ne craint de le vexer. Pourtant, il ne peut pas prétendre se rappeler de lui alors que son visage lui est tout simplement inconnu. Ce serait mentir. Et ce n'est pas réellement ce qu'il préfère. Alors il choisit de l'interroger. Peut-être saura-t-il éclairer sa lanterne. Peut-être s'agit-il d'un ancien collègue, d'une ancienne connaissance, de quelqu'un en lien avec un autre personne de son entourage ...

C'est un gars qui rentre dans un bar et qui dit: "salut, c'est moi !", mais en fait, c'était pas lui.

@Paul Whittaker & Arthur D. Porter

Arthur secoua la tête, se remettant peu à peu de ses émotions. "Non non, c'est bon ça va." dit-il en plantant ses yeux dans ceux de son amant maudit. Le temps avait eu un bon effet sur lui. Paul était beau à se damner. A l’époque il est vrai qu’il n’avait pas un physique des plus avantageux mais Arthur s’en fichait, il l’aimait à en mourir et maintenant… Maintenant il voulait juste passer ce comptoir pour pouvoir l’enlacer, retrouver le lien qu’ils avaient… Mais vu la réponse que venait de lui donner son interlocuteur, il se rendait compte que ça ne serait pas si facile… Mais il n’avait jamais été du genre à abandonner facilement.

En tout cas, c’était sur, Paul ne le reconnaissait pas. Arthur ne pu cacher sa déception et sentit son coeur se serrer. Il devrait être content. Quelles étaient les chances pour qu’il retrouve la réincarnation de son amant maudit dans une ville aussi grande que Santa Barbara ? Mais peut-être avait il cet espoir que si Paul n’était pas éveillé, il ait ce déclic en le voyant ? Perdu… Il aurait aimé des retrouvailles comme dans les films, les champs de fleurs, le ralenti… Bon peut être pas non plus.

Maintenant, il devait trouver ce qu’il allait répondre à Paul. Il voyait bien à son expression qu’il était totalement confus et il devait faire attention s’il ne voulait pas le faire fuir. Il aurait bien aimé lui dire toute la vérité mais il ne voulait pas passer pour un fou. En général, il ne cachait pas sa réincarnation et se foutait totalement de l’avis des autres mais c’était différent avec Paul. Il fallait qu'il trouve un moyen de lui annoncer les choses en douceur, ce qui n'était pas son fort. "Disons que ça fait très très longtemps qu'on ne s'est pas vu." Ce qui n'était pas faux en soi. "Essaye de retrouver qui je suis." dit-il en affichant un petit sourire en coin. Parmi les personnes qu'ils proposeraient, peut-être qu'il y en aurait une qui lui servirait d'excuse, permettant ainsi de le revoir. Arthur avait un peu peur que Paul soit ce genre de personne n'ayant pas envie de créer un lien avec un serveur qu'il venait de rencontrer dans un bar. Alors s'il devait forcer un lien avec lui, autant s'en raccrocher à un de sa vie actuelle.

Arthur voulait aussi tester une autre approche et c'est ainsi qu'il demanda, sans transitions "Dis moi, qu'est ce que tu penses de la légende autour de Santa Barbara ?" Selon sa réponse, peut-être qu'Arthur lui dirait qu'il est vraiment... Il avait tellement imaginé ces retrouvailles, mais maintenant qu'elles arrivaient, il se retrouvait complètement paumé, sans savoir comment agir.