Bitches get stuff done.

FT. MOLLY

A bout de bras, je porte des lourds pots de peinture avant de les laisser tomber sur une table. L’un d’entre eux, à moitié ouvert se renverse un peu. “Meeeerde” Ce que je peux être un boulet parfois. Heureusement, c’est juste la nappe en papier qui a prit et pas la pancarte. Je fais parti d’une association pour les droits de la femme et aujourd’hui, on a prévu une manifestation. A l’université, un des profs, un gros connard, a été accusé par plusieurs filles d’harcèlement sexuel. Le cliché du prof qui échange des bonnes notes contre des faveurs sexuelles. L’université a décidé de couvrir ça. Jamais un de leur plus éminent professeur ne commettrait une telle chose ! Conneries ! Encore une fois, l’homme s’en sort et c’est les filles qui passent pour des putains. Bref, avec l’association, on a décidé de faire le pied de grue devant l’entrée de la fac. J’ai également pris des oeufs pourris, prête à les jeter sur le prof si on le croise. La manifestation est censé être pacifique, mais ce n’est pas un mot que je comprends. Après avoir rapporté la peinture, je prends un pinceau, réfléchissant à ce que je pourrai mettre sur la pancarte. Je me tourne vers Molly, une des activistes de l’association. “Hey, t’as pas une idée de ce que je peux mettre ? Je n’arrive pas à trouver autre chose que connard !” J’aime bien Molly. On a un caractère plutôt similaire. Elle n’a pas peur d’ouvrir sa gueule pour les choses qui lui tiennent à coeur, comme moi. Et puis elle est cool. Ce n’est pas le genre d’adulte à te faire des leçons de morales. (Coucou Hoshi). “C’est à quelle heure qu’on décolle ?” Même si je suis super impliquée dans l’asso, j’avoue que j’ai du mal avec les détails techniques qui ont tendance à me prendre la tête.

FT. OLLY

Molly était arrivée beaucoup plus tôt que prévu à l’association où elle travaillait sur le côté. Grâce à ses bons soins d’ambulancière, nombre de femmes avaient pu être aidé et c’était une de ses grandes fiertés. Molly vivait pour aider les autres, et encore plus les minorités qu’on écrasait. A chaque fois qu’elle le pouvait, elle était présente à l’association pour aider, manifester et faire tout ce qu’elle pouvait. Ce, même durant ces jours de congé. Ce jour-là, une manifestation avait été prévu et Molly était venue aider à la préparer. Les filles étaient toutes en train de faire des pancartes.

Le bâtiment était bruyant et c’était agréable de le voir aussi agiter. L’ambulancière appréciait ses ambiances de ruche et de solidarité. Il était toujours fascinant de voir des femmes prêtes à tout pour se battre pour leur droit. Cette manifestation-ci c’était pour faire renvoyer, voire arrêter un harceleur sexuel en série. Lorsque Molly avait appris ça, elle avait eu envie de se pointer chez lui et de lui botter les fesses elle-même. Malheureusement, elle ne pouvait pas faire ça pour plusieurs raisons, la plus grosse étant qu’elle finirait sûrement en prison à sa place à lui. Elle ne pouvait donc pas décemment faire ça. Une manifestation était une bonne alternative, entourée de ses sœurs.

A ses côtés, se trouvaient Olly, une jeune femme très intelligente et engagé « malgré » son jeune âge. La future génération était prête à détruire la patriarchie. « Hum… Bâtard ? Salopard ? Besoin d’un autre ? Je peux continuer toute la journée. » Molly avait envie d’arracher les testicules des hommes qui se croyait au-dessus des lois. Pour répondre à la question, Molly consulta son téléphone. « Dans 1h, il me semble. » Elle n’en était pas tout à fait sûr.  

FT. MOLLY

“Hum… Bâtard ? Salopard ? Besoin d’un autre ? Je peux continuer toute la journée. » Que de beaux mots qui sonnent mélodieux à mon oreille. Je me marre avant de me remettre à la conception de ma pancarte. “Je vais tous les mettre, comme ça c’est fait” Enfin, il n’y aurait jamais assez de place sur cette pancarte pour mettre tous les noms qui me passent à l’esprit. Après avoir posé ma question, Molly me répondre du tac au tac. « Dans 1h, il me semble. » J’ouvre les yeux, un peu étonnée. “Ah ouais, déjà ? Putain, faut que je me grouille, sinon ça ne séchera jamais” Au pire, je crois qu’il y a certaines personnes qui ont amenés des sèches cheveux pour faire sécher la peinture plus vite. Pas folle la guêpe. C’est toujours plus pratique que souffler dessus pendant des heures. Et ouep, c’est du vécu. Après avoir fini ma pancarte, je me relève, mettant les mains sur les hanches et j’observe mon oeuvre. Je suis plutôt fière de moi. Je regarde celle de Molly avant de demander “Fais voir la tienne ?” J’aime toujours voir un peu ce que les autres font. Logique. Qui n’aime pas ça ? Les cons ? C’est la curiosité humaine c’est comme ça. Je pense qu’il faut sérieusement être un robot pour ne jamais s’être mêlé de ce qui ne le regarde pas. Même pas une fois. Il y a du mouvement tout autour de nous. Après avoir jeté un rapide coup d’oeil à ma montre, je me rends compte que la fameuse heure est passée. “Bon, je crois qu’on décolle” Je regarde ma pancarte, qui n’est pas totalement sèche, mais presque. Si j’évite de me coller dessus, ça devrait le faire. “On y va comment ? Covoit ? Métro ? A pattes ?” Ouais, je suis vraiment larguée sur l’organisation. Heureusement qu’il y a des gens qui sont là pour suivre… Comme Molly.

FT. OLLY

« Mets donc tout ! Tu peux même rajouter gros con, ordure, trouduc, pervers, grosse merde… » Lorsqu’il s’agissait de défendre les droits bafoués, Molly ne mâchait pas ses mots. Si elle avait eu un peu plus de courage, elle aurait sûrement tenté de faire des études pour devenir avocate des droits de l’homme mais elle avait préféré se concentrer sur la santé des gens. C’était l’une de ses grandes passions et elle n’avait absolument aucun regret. « T’inquiète, il y a la solution sèche-cheveux. »

La jeune femme aux cheveux roses lui tendit le sien avant d’observer sa superbe œuvre d’art. Son affiche contenait le slogan du mouvement ainsi qu’une belle insulte pour bien se faire comprendre. Elle était prête à hurler dans les rues pour dénoncer ce bâtard. « Regarde donc ! » Elle jeta un coup d’œil de celle de la jeune Olly. « Oh ! La tienne est vraiment badass ! Mettons fin à cette putain de patriarchie ! » Un mouvement commença à se faire autour d’elles. Molly ramassa ses affaires. Elle déposa ce dont elle n’aurait pas besoin dans un casier prévu à cet effet dans la pièce d’à coté avant de récupérer sa pancarte. « Covoit et mini-bus, l’association a pu en louer. » Elle se dirigea vers la porte et se retourna vers Olly. « Tu montes dans le mien ? »

FT. MOLLY

J’ai de la peinture plein les doigts. J’ai un peu débordé en me précipitant, mais tant pis… Au moins le message que je veux faire passer est clair. Et puis comme ça, ça me donne un petit côté artiste de la street qui me va plutôt bien… Ou pas. Je dois me faire des films toute seule. « Mets donc tout ! Tu peux même rajouter gros con, ordure, trouduc, pervers, grosse merde… » C’est donc ce que j’ai fait. Il n’y a plus beaucoup de place sur la pancarte pour rajouter autre chose. Ah si ! J’ai fait des dessins de fuck. Quoique… Je ne suis pas très douée en dessin (malgré que je veux me prendre pour une artiste) et on dirait plus… Autre chose de ne pas très catholique non plus. Pas grave, ça reste plus ou moins dans le thème non ? « T’inquiète, il y a la solution sèche-cheveux. » Ah ! Alors comme ça on a la même idée ! “Les grands esprits se rencontrent… Mais je crois qu’ils sont déjà tous pris et perso, je n’en trimballe pas dans mon sac à main.” Ouais, je ne suis pas comme toutes ces filles pour qui le sac à main à les mêmes propriétés que le sac d’Hermione. C'est-à-dire, avec un million de choses dedans, se demandant comment tout rentre. Moi, j’ai de la bouffe, de l’eau, ma thune et c’est largement suffisant. Mais Molly avait été plus prévoyante que moi et elle me tend son sèche-cheveux. Niquel. Je le mets en route et me contente de sécher mon affiche, en faisant attention à ce qu’il n’y ait pas de bavures partout. « Oh ! La tienne est vraiment badass ! Mettons fin à cette putain de patriarchie ! » Héhé. J’en suis pas peu fière. Elle n’est peut-être pas la plus ouf, mais j’ai vraiment mis mon coeur dedans. “La tienne est super cool aussi” dis-je avec un grand sourire. Elle a l’air d’être vraiment une artiste Molly. De toute, c’est bien connu, les filles aux cheveux colorés, elles ont la fibre artistique… Comment ça, non ? “Mais ouais, allons-y” Je sautille et me mets debout sur mes jambes. L’affiche n’était pas entièrement sèche, mais ça allait faire l’affaire. Molly répondit à ma dernière question. « Covoit et mini-bus, l’association a pu en louer. » Ah ouais ? Il y a du budget putain ! “C’est super cool ça ! L’asso peut se le permettre ?” Ouais, je suis peut-être un peu trop enthousiaste, mais je trouve ça grave stylé. « Tu montes dans le mien ? » Je hausse les épaules. Je m’en fiche un peu. “Ouais, j’te suis !”