When in doubt, follow the pink light - Saül

When in doubt, follow the pink light

@Saül Rozenbaum & Molly Dashwood

Il était 18h30 et Molly venait à peine de rentrer chez elle. Elle était épuisée et n’avait absolument pas envie de ressortir faire quelques achats à la superette du coin mais elle n’avait pas vraiment le choix, c’était une visite au supermarché ou elle allait manger des pâtes aux pâtes ou du riz au riz et aucune de ces deux options ne lui paraissaient être une bonne idée. Elle était debout depuis 4h du matin, avait commencé à travailler à 6h et n’avait pas arrêté de rouler à droite ou gauche dans tout Santa Barbara pour transporter ses patients des lieux d’accidents jusqu’aux hôpitaux les plus proches. Ce jour-là, un gros accident avait eu lieu sur le périphérique et elle avait eu du boulot comme jamais. Les allers-retours avaient constitué une bonne partie de la matinée. La pause du midi avait été très court puisqu’elle n’avait pas eu le temps de manger. Elle et son coéquipier s’étaient relayés pour manger pendant que l’autre conduisait. Aucune sieste possible, aucune pause, et encore moins le temps de faire l’inventaire de l’ambulance. Ou du moins pas avant 17h45. Cela avait été certes rapide mais tout ce dont elle rêvait c’était son lit, une série, un plat rapide et un verre de vin.

Elle détacha son chignon serré qui retenait ses longs cheveux roses. On lui avait dit à plusieurs reprises que ce n’était pas professionnel de se balader avec des cheveux colorés quand on était ambulancier mais elle s’en fichait. On lui avait fait le même genre de réflexion pour les cheveux bleus, les tatouages et le fait qu’elle soit une femme. Molly avait appris à ne plus les écouter, ce qui importait c’était qu’elle soit compétente dans son job et elle était plus que compétente.

La jeune femme se changea rapidement avant de partir. Sa tenue d’ambulancière faisait trop sérieuse. Elle l’avait troqué pour un sweatshirt de son ancienne école et un jogging confortable. Il était hors de question qu’elle fasse plus d’effort que ça. Elle se dirigea ensuite vers la supérette.

Une fois sur place, elle y acheta le strict minimum, à savoir de la sauce tomate, de la crème, des lardons, un plat déjà tout prêt et une bouteille de vin. Elle avait de quoi tenir pendant au moins trois jours en attendant de faire des vraies courses. Soudain, elle sentit qu’on s’accrochait à son sweat-shirt. Croyant à un pervers, elle s’apprêtait à riposter violemment et constata qu’un enfant s’accrochait à elle comme à une bouée.

« Coucou toi ? Tu es tout seul ? Comment t’appelles-tu ? »

Elle imaginait qu’il y avait dans le magasin un parent effrayé à l’idée d’avoir perdu son enfant.

« On cherche ton papa ou ta maman ensemble ? »

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@Molly Dashwood & Saül Rozenbaum

"COCO POPS !" cria Ethan. L'enfant était enfoncé dans le siège du caddie, mais il gesticulait tellement qu'il faisait tout bouger. “Comment on dit ?” répondit Saül, tenant fermement le caddie pour éviter que celui ci se renverse. Il aurait pu s'énerver devant autant d'excitation, mais il avait du mal à se mettre en colère contre l'enfant. Il était tellement silencieux en tant normal que dès qu'il s'exprimait, il le laissait faire... Bon dieu, allait-il devenir comme ces parents qui laissaient leurs gosses faire tout et n'importe quoi sous prétexte qu'il faut qu'ils s'expriment. Enfin, pour Ethan, la situation était quand même différente. Après trois ans de mutisme, chaque mot qui sortaient de sa bouche étant une bénédiction. "t'eu'plait" dit l'enfant avec une petite moue, qui fit rire Saül. Si, cinq ans avant, on lui aurait dit qu'il allait s'occuper d'un gamin, en étant quasiment gaga, il vous aurait ri au nez.

L'homme retint un bâillement. Il avait commencé à bosser ce matin à 6h et n'avait pas arrêté. Il venait de récupérer Ethan à la crèche et maintenant il faisait les courses. Cela faisait depuis le début du mois qu'il avait ce rythme et il était épuisé. Surtout que son patron insistait pour qu'il fasse des horaires de nuits, mais Saül refusait à chaque fois, ne pouvant pas laisser le gamin seul. Il aurait pu appeler une babysitter, confier Ethan a quelqu'un de confiance... Mais il ne connaissait personne à Santa Barbara et avait clairement du mal à faire confiance aux autres. Surtout dans sa situation où il était constamment sur ses gardes, se demandant toujours si la personne en face de lui savait qu'il était vraiment ou non.

Saül sentit qu'on tapotait sur son épaule. Il se retourna et vit une petite grand mère. Cette dernière lui demanda s'il était possible qu'il attrape le paquet de farine en haut du présentoir. Saül, même s'il était sauvage, restait serviable et s'exécuta avec plaisir. Après avoir donné à Mamie Gâteau ce qu'elle voulait, il se retourna vers le caddie... Avant de constater que son petit protégé avait disparu. “Ethan ?!” commença-t-il à l'appeler, apeuré.

Comment il avait fait ? Comment l'enfant avait réussi à s'extirper du caddie ? C'était impossible... Mais les gosses étaient doués pour faire des choses qui paraissaient inconcevables de prime abord. A croire que c'était des pros du parkour. Mais Saül s'inquiétait. Son coeur battait à tout rompre. Et si on l'avait enlevé ? Comme lui l'avait fait à sa mère, mais pas avec de bonnes intentions ? Ou quelqu'un qui avait reconnu le gamin ? Peut-être que Mamie Gâteau n'était qu'un leurre pour le distraire. Abandonnant son caddie, il commença à courir dans le magasin. Dix minutes plus tard, qui parurent une heure pour lui, il reconnu sa petite. “Ethan !!!” Il courut pour le prendre dans ses bras “Bon sang, ne men fait plus ce genre de frayeur !!”

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@Saül Rozenbaum & Molly Dashwood

L’ambulancière était particulièrement fatiguée et sentait qu’une fois nourrie et douché, elle ne ferait pas long feu. Elle avait l’habitude de ce genre de journée mais malgré tout, elle avait l’impression que le monde d’elle allait beaucoup trop vite et qu’elle était au ralenti. Sensation assez récurrente lorsque l’on passait son temps à foncer dans une ambulancière et à essayer le plus de vie possible, le plus rapidement possible. De plus, les habitants de Santa Barbara étaient souvent hyperactifs et vivaient à 100 à l’heure contrairement à elle. Elle travaillait à 100 à l’heure mais vivait au ralenti. Habitude prise dans sa famille. « Ralentis Mo’, tu vas te faire mal si tu compris à vivre trop vite », lui répétait sans cesse son père.

Se retrouver face à un enfant déphasa la jeune femme aux cheveux roses. Ils vivaient tous trop vite pour elle et cherchaient constamment à grandir plus vite que leur âge, loin de se douter des responsabilités qui les incomberaient une fois adultes. L’enfant n’avait pas l’air bien bavard. Il tenait toujours le sweat-shirt de Molly en fixant ses cheveux lorsqu’elle s’agenouilla pour être moins « effrayante » bien qu’elle ressemble à un gros bonbon rose.

« Okay bonhomme, ce sont mes cheveux qui t’intriguent ? Tu les aimes bien ? Dis-moi, tu étais avec un adulte ? Tu veux me le montrer ? »

Sans réel réponse du petit bout, elle s’apprêtait à chercher un adulte en panique mais il s’était raccroché à son sweat-shirt et elle ne voulait pas lui faire peur. Il n’avait pas l’air rassurer et la jeune femme ne voulut pas le paniquer encore plus. Elle entendit un jeune homme qui criait un nom, et soudain, il apparut fonçant vers l’enfant. Le petit la lâcha et se laissa prendre dans les bras par le jeune homme. Il devait s’agir soit de son père soit de son grand-frère. Il semblait jeune mais Molly ne posait jamais de questions de ce côté.

« Il va bien, il s’est accroché à moi et je pense qu’il s’est aussi fait une frayeur. »

Elle les laissa se remettre de leurs émotions avant de se présenter.

« Bonjour Ethan, s’adressa t-elle à l’enfant en premier. Je m’appelle Molly »

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@Molly Dashwood & Saül Rozenbaum

Jamais Saül n'aurait imaginé qu'il puisse avoir aussi peur. Pourtant, il avait vécu pendant quelques temps à la rue et il avait vu des choses sombres. la rue, les gens s'imagine tant de choses dessus, mais tout le monde est bien loin de la réalité. Elle vous aspire, elle va catalyser tous les aspects négatifs. Il y a une vérité qui est là, on n’a plus la même identité, la même valeur... Les mêmes valeurs qu’avant... On devient une personne différente. Saül il l'avait bien remarqué. Il avait certaines fois où il n'arrivait plus à se lever le matin et il avait besoin de substance illicite pour continuer à avancer. Bref, tout ça pour dire que des choses effrayantes, il en avait vu. Et même s'il avait flipper... Cela n'avait pas été aussi intense que la perspective de perdre Ethan.

Cela avait été un ascenseur émotionnel. Maintenant qu'il avait retrouvé l'enfant, il était tellement rassuré. Il sentait encore son coeur battre dans sa poitrine. Il devait avoir crié car l'enfant éclata en sanglots. Cela fit mal au coeur à Saül qui prit l'enfant dans ses bras. “Oh non, ne pleure pas, j'ai juste eu peur, mais tout va bien maintenant.” Il sortit un mouchoir de sa poche et sécha les larmes de l'enfant avant de le moucher.

Saül se releva et offrit un sourire à la jeune femme en face de lui. “Merci, j'espère qu'il ne vous a pas dérangé.” Généralement, quand ils faisaient leurs courses, les gens voulaient être en paix. Sans qu'un gamin ne viennent les déranger. Il se souvenait des fois où il allait faire les courses avec sa mère, quand il courait dans le magasin et les regards désapprobateurs qu'on lui lançait... C'est marrant, au final, lui aussi aimait bien semer sa mère dans le magasin, comme Ethan venait de le faire avec lui. “Dis bonjour Ethan.” Comme la jeune femme se présenta à lui.