Up on melancholy hill ➸ Sissy #1

Dernière édition par Saül Rozenbaum le 06.09.20 21:08, édité 1 fois

Up on melancholy hill

“Saül, attends-moi.” Le jeune homme se retourna pour voir l’enfant qui était sur ses talons. Il lui offrit un sourire avant de lui tendre la main dont Ethan se saisit. “Si tu veux être à l’heure pour ton dessin animé, tu dois te dépêcher plutôt que de faire des ponts pour les fourmis.” L’enfant hocha la tête, agrippant fermement la main de Saül pour ne pas se perdre. L’adulte eut un petit sourire, sentant son coeur se réchauffer. Depuis qu’il l’avait sauvé de sa mère, Ethan découvrait le monde, lui qui jusque là n’avait que peu de fois quitté son domicile. L’enfant s’émerveillait devant tout et Saül était attendri face à cela. Il était heureux de pouvoir offrir au gamin, une vraie enfance. Comme celle qu’il avait connu avant que sa propre mère sorte de prison et vienne tout bousiller. Il espérait qu’Ethan ne connaîtrait pas ça et comptait vraiment faire en sorte que sa vie se déroule au mieux. Il savait très bien que kidnapper un enfant à sa mère, certes maltraitante, n’était pas un bon départ, mais il espérait vraiment qu’avec le temps, Ethan n’ai pas de traumatisme à cause de cela. Peut-être était-ce utopiste ? Peut-être avait-il un discours de fou ? Il savait très bien de quoi ça avait l'air. Mais quoi qu’il en soit, il ne voulait que le bien de l’enfant.

Ils revenaient ensemble des courses. Saül avait prévu de faire une tarte aux pommes. De nombreuses fois, il faisait des tentatives, pour retrouver la recette de sa grand-mère, le goût qu’il avait gardé dans ses souvenirs, sa madeleine de Proust… Mais jamais il n’arrivait à approcher le savoureux goût des tartes de son aïeul. Il tentait toujours et maintenant, il avait aussi Ethan pour mettre la main à la pâte. L’enfant adorait cuisiner, mettre la main à la pâte et Saül aimait beaucoup partager ce moment avec lui. Il entra dans la cage d’escalier, suivit de peu par Ethan et soupira face à l’écriteau « ascenseur en panne ». Cela faisait depuis un mois qu’il était arrivé et pas une seul fois cet engin avait fonctionné. En même temps en trouvant un appart aussi rapidement pour un si petit loyer, sans aucun papiers admnistratif, Saül ne s’attendait pas à avoir un palace. Ils commencèrent à monter les escaliers et tombèrent sur leur voisine de palier, un peu plus loin. Elle semblait galérer avec plusieurs sacs de courses. Saül ne l’avait croisé que quelques fois, en vitesse et seulement de dos. Depuis qu’il était ici, il essayait de ne pas trop se familiariser avec les autres. Il avait tellement peur que quelqu’un découvre la vérité sur Ethan et lui. Il aurait pu continuer à ignorer sa voisine et faire comme si de rien n’était, mais la voyant aussi chargée, il avait un peu de peine. Saül était plutôt cordial et c’est assez naturellement qu’il demanda “Je peux vous aider ?” De toute manière, ce n’est pas en portant ses sacs de courses une fois que tout allait être foutu. N’est-ce pas ?

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En ouvrant la porte du frigo et voyant à quel point il était vide, tu sais qu’il est temps pour toi d’aller faire les courses. De toute manière, ce n’est pas comme si tu avais autre chose à faire. Tu trouves tes journées longues, tu t’ennuies et tu essaies de t’occuper en lisant, regardant la télé, tu couds… Tu as parlé avec Rod, tu aimerais bien reprendre tes études, mais ce dernier s’est énervé, disant que ça servait à rien et qu’à lui tout seul, il peut bien s’occuper de vous deux. Alors tu as abandonné l’idée, ne voulant pas attiser sa colère. Tu continues donc cette vie, qui ne te convient pas, mais tu as bien trop peur de dire quoi que ce soit. Tu as rapidement noter sur un petit papier ta liste de course. Tu vérifies à deux fois. Tu n’as pas envie d’être obligée de retourner au magasin car tu as oublié un petit truc. En sortant, tu es submergée par une vague de chaleur. Lorsque tu étais au frais dans ton petit appartement, tu ne t’étais pas rendue compte qu’il faisait aussi chaud. Tu attaches tes cheveux en un chignon, voulant libérer ta nuque, mais ce dernier se défait aussitôt, ta crinière étant vraiment indomptable. Tu n’insistes pas et tu pars en direction du magasin. Tu ne comptes pas passer des heures là bas… Et pourtant, tu finis toujours par croiser une voisine ou une amie avec qui tu restes discuter pendant des heures. Aujourd’hui, tu tombes sur une ancienne connaissance du lycée. Vous échangez sur le passé, étant un brin nostalgique et puis du présent. Ton interlocutrice semble étonnée de savoir que Rod et toi êtes encore ensemble. Tu ne réponds qu’avec un petit sourire. Oui, vous êtes encore en couple, oui, tu l’aimes toujours, mais c’est loin d’être rose. Ça, bien entendu, tu ne le dis pas. Tu es très douée pour donner l’impression que tout se passe bien dans le meilleur des mondes. Vous finissez enfin de discuter. Tu regardes l’heure avant d’être étonnée, tu ne t’es pas rendu compte qu’il était aussi tard. Il faut que tu te dépêches si tu veux être rentrée à temps. Rod préfère que tu sois là quand il revient du travail, sinon il t’interroge pendant des heures pour savoir où tu étais, ayant du mal à croire ce que tu dis. Tu pars, les bras chargés de sac. Heureusement, tu n’habites pas très loin du magasin, car tout cela est lourd. Tellement, que tu es obligée de faire des pauses toutes les deux minutes. Cela fait longtemps que tu n’as pas fais de sport et ta forme physique n’est plus comme avant. Tu arrives enfin à ton immeuble et tu commences l’ascension des escaliers. Tu es toute soupirante, ayant hâte d’arriver sur ton palier. D’un coup, une voix derrière toi qui te surprends, te faisant sursauter. Tellement, que tu rates une marche. Tu te sens partir en arrière. Pour une fois, l’excuse disant que tu es tombée dans les escaliers sera vraie...

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S'il y a bien une réaction que Saül n'attendait pas, c'était bien la surprise de sa voisine. Après, il est vrai qu'il était arrivé dans son dos et avec le recul, il aurait surement réagit pareil. Surtout que maintenant, il était tout le temps sur ses gardes, regardant toujours derrière lui, observant tout se qui pouvait se passer dans sa vision périphérique et à force, il était un peu sur les nerfs. Il allait s'excuser, quand il vit sa voisine rater une marche et basculer en arrière. Dans un réflexe plutôt étonnant, il l'attrapa par le bras, l'empêchant ainsi de chuter dans les escaliers. Heureusement qu'il avait de force pour la retenir. Malheureusement, il n'avait pas pu tout sauver et le contenu d'un des sacs se déversa, descendant les marches. “Vous allez bien ?” demanda-t-il, un peu inquiet. Son regard croisa celui de sa voisine. Jusqu'à présent il l'avait juste vu rapidement et bien souvent de dos, il n'avait jamais prit le temps de la regarder. Elle était indéniablement belle, mais il n'y avait pas que ça. Il percevait dans ses yeux, de la douceur, un côté rieur mais aussi une grande mélancolie. Il était captivé par ce regard. Il resta un petit moment à l'observer. Se disant qu'il allait surement paraitre bizarre, il finit par se reculer. Il s'éclaircit la gorge avant de reprendre : “Hmm, je suis désolé, je ne voulais pas vous faire peur.” Il se gratta la tempe, étant un peu mal à l'aise. Il devait avoir l'air d'un grand nigaud à être gêné comme ça.

Ethan qui était resté caché dans les jambes de Saül, alla ramasser des pommes qui étaient tombées par terre. Toujours aussi timide, il tendit les fruits à son protecteur, n'osant pas les donner directement à la voisine. Saül les récupérer avant d'en faire de même avec son interlocutrice. “On va vous aider à ramasser.” Il fit un signe à l'enfant et commença à récupérer les produits qui étaient éparpillés un peu partout dans les marches. Heureusement, il n'y avait rien l'air d'avoir de cassé. Il aurait été tellement gêné sinon. Lui qui voulait se faire discret, c'était raté. Une fois tous les produits mis dans le sac, il les tendit à sa voisine avec un petit sourire. “Au fait, je suis votre nouveau voisin : Lewis Miller !” Pourquoi restait-il discuter ? Il aurait pu simplement ranger les courses et rentrer chez lui, sans rien dire de plus. C'était même le plus logique au vu de sa situation. Il n'avait pas envie de partir, tout simplement. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait l'impression que ses pieds étaient fixés au sol et il n'arrivait pas à détacher son regard de celui de cette femme. Saül sentit quelqu'un qui tirait sur la manche de son pantalon, ce qui le fit rire “Ah oui, et lui c'est Ethan !”

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Tu te sens partir en arrière. Avec tes bras chargés de course, tu ne peux pas te rattraper. Alors tu fermes les yeux, attendant l’impact… Qui n’arrive pas. Tu sens un bras se resserrer sur toi. Quand tu ouvres les yeux, tu vois un visage au dessus du tien qui t’observe. Sans que tu saches pourquoi, tu te mets aussitôt à rougir. Tiens, il est plutôt mignon le nouveau voisin. Tu te relèves, lissant ta jupe qui était un peu remontée sur tes cuisses.

"Oui, ça va. Plus de peur que de mal."

Tu mets ta main sur le coeur. Ce dernier est en train de tambouriner dans ta poitrine. Pendant un moment, tu as cru que tu allais y passer et l’espace d’une seconde, tu t’es dis que ça ne serait pas plus mal. Est-ce que tu manquerais vraiment à quelqu’un ? Comment Rod réagirait ? Tu te dis avec tristesse que ça ne lui ferait ni chaud ni froid. Ta famille en serait attristée… Cela fait tellement longtemps que tu ne lui as pas parlé. C’est de ta faute, tu n’as pas envie qu’ils se rendent compte que tu n’es pas heureuse. Tu offres un sourire à ton voisin qui s’excuse. Il a l’air vraiment peiné.

"Ce n’est pas grave, ne vous en faites pas. C’est moi qui suit un peu nerveuse."

Tu as un petit rire, mais dans le fond, tu sais que c’est aussi un souci. Tu es toujours sur le qui vive. Ton voisin propose de t’aider à ramasser les courses qui sont tombées.

"Oh non ce n’est pas la p..."

Mais trop tard, le petit enfant qui l’accompagne commence déjà à récupérer ce qui se trouve au sol, le voisin l’accompagnant. Tu te sens idiote, à rester là à les regarder faire cette tâche. Tu n’as pas l’habitude de laisser faire les choses à ta place. Ton sac de course est à niveau vite rempli. Le voisin finit par se présenter. Tu aurais pu dire que tu peux enfin mettre un nom sur un visage, mais en réalité tu l’as déjà vu sur la boite aux lettres, faisant ta commère.

"Enchantée Lewis, je m’appelle Missy… Et enchantée Ethan."

Tu as un petit sourire attendri face à l’enfant. Ça a l’air d’être un enfant calme, discret, poli… Tu adores les enfants et ton coeur se serre à chaque fois quand tu te souviens que tu ne peux pas en avoir. Dans cet immeuble, il n’y a que des personnes âgées ou des camés. Ça change de voir de la jeunesse. Enfin, tu dis ça, mais tu ne connais pas Lewis. Si ça se trouve, lui aussi c’est un camé… Mais il a l’air d’être quelqu’un de bien… Enfin, tu as tendance à accorder ta confiance à n’importe qui. Tu es aussi très curieuse et commère, alors tu as envie d’en savoir un peu sur ce Lewis.

"Vous êtes arrivés depuis peu non ? Vous êtes originaires de Santa Barbara ou alors vous venez d'arriver en ville ?"

Quelque chose te dit qu’il n’est pas californien. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu trouves qu’on remarque très vite quand une personne est californienne ou non. Quelque chose dans sa manière de se comporter, s’habiller, se tenir… On remarque très vite la différence entre les personnes de la west et east cost.

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La voisine avait l'air sympa, quelqu'un de bien et mine de rien, c'était plutôt quelque chose d'important d'avoir un voisin avec qui on s'entendait bien. Il se souvenait à New York, quand il commençait à sortir de la rue, il avait trouvé un petit appart miteux. Avec sa situation et le peu d'argent qu'il avait, il n'avait pas fait la fine bouche. Un peu comme sa situation actuelle à vrai dire... Mais il avait accepté le premier appart qu'il pouvait se permettre... C'était dans un quartier bien craignos, un petit studio où on pouvait cuisiner et chier en même temps, tant c'était petit. Son voisin était un fou. Un gars qui ne sortait jamais de chez lui et hurlait dès qu'il le croisait dans la cage d'escalier. Parfois Saül retrouvait des surprises dans sa boite aux lettres, allant de la plus classique comme des détritus, à la plus glauque comme un rat crevé. Il avait prévenu son proprio, qui s'en foutait terriblement. Ça lui touchait une sans bouger l'autre... C'est pour cela qu'il était rassuré de voir qu'il avait un voisinage à peu près convenable... Du moins en apparence. “Tant mieux, je m'en voudrais si je vous ai fais mal. Vous imaginez, j'arrive et je commence déjà à blesser mes voisins.” dit-il avec un sourire. Ça aurait été difficile de rester discret si c'était arrivé... Saül tiqua quand sa voisine lui dit qu'elle était du genre nerveuse. Il n'ajouta rien de plus, ne voulant pas se mêler de ce qui ne le regarde pas, mais il avait l'impression que cette phrase n'était pas anodine. Lui aussi était du genre nerveux, toujours sur ses gardes, mais c'est parce qu'il mentait sur son identité et qu'il craignait que son passé le rattrape. Quel été le secret que la voisine avait ?

Toute les courses étaient ramassées. La voisine semblait dire que ce n'était pas la peine, mais il l'avait devancée. De toute manière, il était très poli pour la laisser se démerder toute seule. Elle finit par se présenter sous le prénom de Missy. Cela avait quelque chose de mignon. Elle s'adressa à Ethan qui, fidèle à lui-même, ne répondit pas et se cacha dans les jambes de Saül. “Désolé, il est très timide.” dit l'adulte, en passant sa main dans les cheveux d'Ethan.

Bien entendu, Missy commença à lui poser des questions. Il s'y attendait. La curiosité humaine prenait toujours le dessus. Les gens avaient besoin d'en savoir plus sur la vie de ceux en face d'eux. Saül aurait aimé qu'on ne lui pose jamais de question sur son passé... Mais comme il savait que c'était impossible, il avait préparé un scénario, prêt à tisser le plus parfait des mensonges. “On est arrivé courant juillet... Et non, on n'est pas de Santa Barbara, on vient de Chicago.” Il préférait éviter tout ce qui avait un rapport avec New York.

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Maintenant que tu t’es remise de tes émotions, tu observes le visage qui est faace à toi. Tu es surprises par sa jeunesse, tu as l’impression d’avoir un gamin en face de toi, à peine sorti du lycée. Cet enfant est-il le sien ? Il a du l’avoir tôt. Enfin… Tu n’es personne pour te permettre de juger. Malgré son jeune âge, tu as l’impression de voir dans son regard une grande sagesse, qu’il a vécu beaucoup de choses… ce qui est plutôt paradoxal. Tu affiches un sourire quand il te dit qu’il a eu peur de te faire mal. Avec un pincement au coeur, tu te dis que ça change de Rod. Mais tu essayes de garder un visage impassible et tu te ressaisis, douée pour cacher ta peine.

"Il y a pas mal de commères dans l’immeuble, on parle déjà de vous."

dis-tu dans un rire. Un jeune homme, mignon qui plus plus, débarquant seul avec un gamin, c’est sur que ça fait jaser. Tu avoues, avec un peu de honte, que tu as fais partie de ces commérages. C’est plus fort que toi, tu adores ça ! Au moins, tu as quelque chose pour te divertir, les journées pouvant être parfois longue et tu n’as pas envie de passer ton temps à bouffer de la télé réalité. Tu es trop investie dans keeping up with the kardashians. Tu as un petit rire, attendrie, quand tu vois l’enfant se cacher dans les jambes de son père (?). Il a l’air un peu farouche, mais tu peux le comprendre. Débarquer dans un endroit où on ne connait personne demande beaucoup d'adaptation de la part d’un enfant. Certains d’entre eux n’avaient aucun problèmes et pour d’autres c’était difficile. Pour les enfants, tout comme les adultes, on n’avait jamais la même sensibilité face aux autres.
"Ce n’est pas grave."

Tu fouilles dans ton sac de courses, malgré le bazar dans celui-ci et tu en ressors un paquet de bonbon. Au départ, c’est pour toi, car tu es un peu gourmande et tu adores grignoter quelque chose de sucré en même temps que tu fais les tâches ménagères, mais bon, tu peux bien partager. Tu adresses quand même un regard à Lewis pour savoir s’il est d’accord avec ça. Tu n’as pas envie de passer pour la personne bizarre, qui aime un peu trop les enfants en leur offrant des bonbons. Lewis réponds à ta question, disant que c’est la première fois qu’ils sont à Santa Barbara.

"Ah ? Pourquoi vous vous êtes installés ici ? En tout cas, si vous voulez des conseils pour visiter le coin, des endroits sympas, des petits restaurants, il ne faut pas hésiter à demander ! Ca fait depuis plus de dix ans que je vis ici maintenant"

C’était compliqué pour toi de quitter Philadelphie et ta famille. Tu es partie avec Rod, qui a eu une opportunité de travail. Quand tu es arrivée, tu ne connaissais rien et personne, tu es restée seule pendant longtemps. Tu aurais aimé avoir quelqu’un qui te montre le coin plutôt que de le découvrir par toi même, alors tu te dis qu’il en est peut-être de même pour Lewis.

( Pando )

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Saül s'efforçait d'être le plus discret possible pour éviter qu'on parle de lui, mais apparement, c'était raté. Il aurait dû s'y attendre un peu, mais il avait un infime espoir que les gens ne soient pas curieux.... Stupide de penser ça étant donné que la curiosité était indissociable de l'homme. Maintenant que devait-il faire ? Rester encore plus discret, au risque de paraitre louche ? Ou alors essayer un peu de sympathiser avec des voisins, pour que ceux-ci apprennent à le connaitre (ou du moins ce qu'il veut laisser connaitre) et arrêtent de poser des questions ? Il pouvait commencer avec Missy. Elle avait vraiment l'air sympa, pas la voisine trop chiante, à chercher des emmerdes. Il ne voulait pas se montrer désagréable avec elle. Un peu perdu, il essaya de ne pas montrer qu'il était déstabiliser et répondit avec un sourire. “Et qu'est-ce qu'on dit de moi ?” D'un côté, il était curieux et de l'autre, selon la réponse, il saurait quelle posture adopter. Il espérait vraiment qu'on n'allait pas le prendre pour un kidnappeur d'enfant... Bon, ok, c'est ce qu'il est, mais il a des circonstances atténuantes.

D'ailleurs, en parlant d'Ethan, il était bien plus heureux avec Saül que sa mère. C'est vraiment ce qu'il espérait... A vrai dire, il n'avait pas encore prit le temps d'en parler avec lui. Peut-être qu'il faudrait qu'il le fasse ? Pour savoir si l'enfant allait mieux. C'est tout ce que Saül voulait. Il avait tellement peur que l'enfant soit traumatisé et en garde des séquelles. Mais peut être qu'il n'était pas bien avec lui ? Qu'il avait peur ? Si c'était vraiment le cas, il se résoudrait à s'en séparer et laisser l'enfant aux services sociaux. Même si, en vu de son passé, ça serait très dur pour lui. Saül regarda Missy fouiller dans son sac pour donner un bonbon à Ethan. Tout comme sa voisine, Ethan leva des grands yeux vers lui. D'une part pour savoir s'il avait le droit à cette sucrerie, mais aussi pour savoir s'il pouvait faire confiance à cette femme. Saül hocha doucement la tête et l'enfant tendit la main pour prendre le bonbon. "Merci" dit-il tout doucement, avant de se cacher à nouveau dans les jambes de Saül.

Bien entendu, dans une première rencontre, il y a toujours un moment où des questions sont posées. Saül s'y attendait et s'il y était préparé. Alors quand Missy lui demanda la raison de sa venue, il n'était pas vraiment déstabilisé, même s'il n'était jamais très à l'aise pour mentir. “On avait envie de changer un peu d'air. Voir un peu comment était la côte ouest. Et puis, le taux de criminalité est vraiment élevé à Chicago. J'avais envie d'un endroit calme, mais qui bouge à la fois pour Ethan...” Et surtout un endroit le plus éloigné possible de sa mère.

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Ton voisin, avec un sourire, te questionne sur ce qu’on dit de lui. La première chose que tu aurais répondu, la première chose que les commères disent de lui, c’est qu’il est super mignon, mais tu ne vas pas lui dire ça, même si c’est vrai. Tes joues ne peuvent s’empêcher de rougir et tu essayes de disperser ton malaise, faisant mine de penser à autre chose, ou de réfléchir, tout simplement.

"On dit de vous que vous êtes discrets."

Ce qui est vrai. Maintenant, tu ne sais pas si tu dois avouer toutes les questions qui tournent autour de lui. Tu as peur de tenir des propos déplacés, d’être intrusive dans sa vie, mais d’une part, tu as envie d’assouvir ta curiosité, d’avoir une réponse à la question qui brûle les lèvres de toute les femmes dans cette immeuble.

"On se demande aussi où est la maman du petit…"

Voilà, tu l’as dis. De toute manière, Lewis a l’air sympa. Si cette question l’infortune, il le dira… C’est ce que tu te dis pour avoir bonne conscience. Tu as les joues encore un peu rouge, te sentant à la fois honteuse d’être autant commère et de l’autre, fière d’avoir réussi à poser la question. Tu regardes Ethan attraper tout timidement le bonbon. Encore une fois, ton coeur se met à fondre et tu repenses à l’enfant que tu n’as jamais eu. C’est toujours comme ça de toute manière. Dès que tu vois des bambins, tu te dis que tu aurais été tellement heureuse avec une famille. Mais la vie a fait que tu ne peux pas concevoir et Rod n’a jamais voulu adopter. Pourtant, tu as essayé de le convaincre, montrant des études disant que le lien entre les parents de sang et adoptifs étaient aussi fort l’un que l’autre, que c’est grandir avec un enfant, l’éduquer qui faisait qu’on l’aimait mais… Rien y fait. Rod se disait incapable d’aimer un enfant qui n’était pas le sien. Alors tu as enterré ton rêve, par amour pour ton mari. Quand on voit la manière dont il te remercie, tout cela est triste, mais tu as encore tellement de sentiments pour lui, tu ne peux pas le quitter. Tu écoutes Lewis te dire la raison de leur venue ici.

"Oh je vois, c’est vrai que Santa Barbara est vraiment un endroit où il fait bon de vivre."

Tu as l’impression d’être une petite grand-mère en disant ces mots. Tu te sens ridicule. Tu remarques aussi que Lewis n’a pas répondu à ta proposition de jouer les guides. Il ne doit pas être intéressée. Peut-être qu’il a juste envie que tu le laisses tranquille et toi, tu es là en train de l’emmerder. Qu’est-ce que tu peux être idiote parfois.

( Pando )

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On disait de lui qu'il était discret. Bien. C'était exactement l'impression qu'il veut donner. Quelqu'un de discret, qui n'embêtait personne et qui n'allait pas fourrer son nez dans ce qui le regarde pas. Il espérait qu'en rasant, on ne lui pose pas trop de questions... Mais l'homme est d'un naturel curieux et Saül le remarqua à la deuxième remarque de sa voisine. Il poussa un petit soupir, il aurait espérer qu'on ne lui pose pas de questions à ce propos, mais il se doutait bien que ça se passerait comme ça. C'est pour cela qu'il avait préparé un scénario, prêt à raconter un mensonge finement tissé. “Elle est restée à Chicago, nous sommes divorcés... Sa vie professionnelle semble plus importante que sa vie familiale...” Il offrit un petit sourire triste à Missy, laissant sa phrase en suspens, laissant à sa voisine la possibilité d'interpréter le reste comme elle le voulait. Plus le temps passait, plus il se surprenait à mentir avec une facilité déconcertante. La première fois, il était toujours gêné et avait l'impression qu'on allait découvrir la vérité. Maintenant, c'était d'un naturel et il se disait qu'il ferait un excellent acteur.

Saül suivit le regard de Missy, elle semblait toute attendrie devant Ethan. “Vous avez aussi des enfants ?” La question était sortie naturellement et il ne s'était pas rendu compte qu'elle pouvait être indiscrète. Mais, face à son comportement devant l'enfant, il trouvait qu'elle avait une sorte d'instinct maternel... Après, il était peut-être en train de délirer. Il faut dire que ses figures maternelles étaient de vraies calamités. Sa propre mère, Eileen et en quelque sorte Andrea... Il n'y avait que sa grand mère qui avait été un vrai modèle, malheureusement, il n'avait que peu de souvenirs de cette dernière. Alors, penser qu'une femme qu'il venait de rencontrer avait une fibre maternelle était peut-être précipité quand on voyait ses références. “En tout cas, s'il y a d'autres enfants dans l'immeuble, ça pourrait être sympa de faire un goûter pour qu'Ethan se fasse des copains.” Certes, il voulait rester discret, mais il ne voulait pas imposer cela à l'enfant. Il avait été trop isolé pendant les premières années de sa vie et il était hors de question que Saül reproduise ce schéma.

“Oui, Santa Barbara a l'air sympa.” dit-il avec un sourire. Il trouvait que c'était une ville à taille humaine. Pas trop de monde pour ne pas se sentir étouffé et suffisamment pour disparaître dans la masse, c'est ce dont il avait besoin.

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Tu es rassurée quand Lewis te réponds. Il n’a pas été vexé par ta question. Ça aurait été dommage de te mettre à dos ton nouveau voisin alors qu’il vient juste d’arriver. Tu penses qu’il est important de garder une bonne ambiance dans l’immeuble en général. Déjà que vous êtes dans un quartier qui craint un peu, tu as envie qu’il ai une bonne ambiance chez toi… Enfin, au moins dans le bâtiment, car au sein de ton propre domicile, c’est plus compliqué. Plus tu essayes d’oublier ce qui se passe une fois que les portes sont closes, plus chaque petits détails dans la vie t’y font penser. Tu n’arriveras jamais à penser à autre chose. Tu secoues la tête pour chasser cela de ta tête. Ce n’est pas le moment d’être défaitiste, tu es en train de discuter avec ton voisin mignon. En entendant Saül dire que la mère du petit à préféré se consacrer à sa vie professionnelle, tu ne sais pas quoi en penser. Tu as l’impression d’entendre de la déception dans la voix de ton voisin. Est-ce un abandon ? Tu n’as rien contre ces personnes qui se consacre à leur boulot, mais pas en dépit de leur vie privée… Pour élever un enfant, il faut être présent et ne pas tout laisser le travail à la nanny. En parlant de travail, une nouvelle interrogation te vient à l’esprit.

"Ce n’est pas trop dur d’être un papa célibataire ?"

A la question de Lewis, tu te renfermes aussitôt sur toi même. C’est instinctif dès qu’on te parle de ça. C’est un sujet sensible pour toi, mais ça Lewis ne peut pas le savoir.

"Non… Non j’en ai pas."

Tu réponds simplement, fuyant son regard. Tu sens une boule qui se forme au travers de ta gorge. Tu serres les poings pour ne pas pleurer. Tu aurais l’air maline à éclater en larme au milieu du couloir alors que vous étiez juste en train de parler normalement. Après, tu comprends pourquoi il a posé la question, il veut que son fils ait des amis avec qui jouer. Tu trouves ça mignon.

"Il y a plusieurs famille dans le bâtiment. Je suis sûr qu’Ethan se fera des amis. Il y a souvent des petites fêtes organisées entre voisin de temps à autre, ça pourrait être l’occasion pour lui, et pour vous de rencontrer du monde."

Des barbecues géants, il y en a pas mal dans l’immeuble. C’est super sympa pour tisser des liens, mais ça peut parfois être un peu fatiguant et envahissant. La conversation sur Santa Barbara se termine. Tu regardes ta montre, voyant que l’heure file et que Rod ne va pas tarder à rentrer du travail, tu décides qu’il est l’heure pour toi de rentrer.

"Je suis désolée, je dois vraiment y aller. A bientôt peut-être et si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas"

Et avec un sourire, tu disparais.

( Pando )

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@Missy A. O'Hare & Saül Rozenbaum

Ce n'est pas trop dur d'être un père célibataire ? Jamais Saül ne se serait imaginé qu'on lui pose cette question. Peut-être car il n'en était pas un... De père célibataire. C'était encore un gosse qui sortait tout juste des emmerdes dans lesquelles il s'était engouffré. Il était peut-être mature et responsable, tombé dans la vie d'adulte trop vite, mais il restait un gamin. Il n'était même pas au premier quart de sa vie, il découvrait encore le monde. Alors quand il s'était retrouvé avec Ethan, il ne s'était jamais imaginé ce que c'était de s'occuper d'un gosse. Encore, Ethan était un enfant très calme et il avait de la chance sur ce point. Il était poli et écoutait ce que Saül lui demandait. Il ne lui posait pas de problème... Mais prendre en charge un enfant restait quand même éprouvant. Il avait toujours cette attention à avoir, qui faisait que Saül ne se permettait jamais de se détendre tant qu'Ethan n'était pas encore couché. Cette attention était décuplée dû au fait que Saül craignait toujours qu'on découvre qui il était. “Ce n'est pas facile tous les jours, mais heureusement Ethan est vraiment un enfant adorable.” dit-il tout simplement en passant sa main dans les cheveux de l'enfant qui lui offrit un sourire. C'est fou, il y a un an, il ne s'imaginait pas un avenir et maintenant il ne voyait pas son futur sans Ethan.

Alors que Missy était souriante, d'un coup elle se referme. Saül est assez étonné de cette réaction, mais se doute qu'il a fait une boulette. Il se sent coupable maintenant. Il pourrait essayer de deviner le pourquoi de cette réaction, mais il faut qu'il fasse attention à ne pas se mêler de ce qui ne le regarde pas. Heureusement, la conversation reprends bien vite et Missy lui dit qu'il y a plein d'enfants dans l'immeuble et que des soirées de voisinages peuvent être organisées. Saül ne sait pas trop quoi en penser. Bien sûr qu'il a envie qu'Ethan se fasse des amis, mais il préfère aussi rester discret et ne pas trop se mélanger aux autres. Enfin, il fera des efforts pour le bien de l'enfant.

Finalement Missy annonce qu'elle doit partir. Saül se contente juste de lui offrir un sourire tout en hochant la tête. “Bonne journée et encore désolé du dérangement !”

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