Arthur était installé sur son balcon, une bière dans la main, une clope dans l'autre. Il était en train de réfléchir, mine de rien, ça lui arrivait souvent. Il voulait essayer d'écrire... Essayer était bien le mot car, comme à chaque fois, c'était la page blanche. C'était triste quand même. D'être la réincarnation de Rimbaud et de ne pas réussir à écrire. Ces anciens ossements devaient se retourner dans leur tombe. Il pensa à Paul Verlaine. Il ne faisait que ça depuis qu'il avait retrouvé ses souvenirs. Son amant maudit occupait la moindre de sa pensée, et avec sa mauvaise foi, il se disait que c'était pour ça qu'il n'écrivait plus.
Il avait tenté d'écrire le poète maudit, mais il avait fini par flâner, regardant les passants et les oiseaux. Cela lui fit penser à l'albatros, de Baudelaire, se disant qu'il aimerait revoir Charles Baudelaire dans cette nouvelle vie. Dire qu'à l'époque, il l'idolâtrait... Et il était encore un grand amoureux de ces écrits aujourd'hui. Penser à lui, redirigea ses pensées sur ses pages qui restaient vierge. Il poussa un long soupir avant de reprendre une gorgée de sa bière. Non, ce n'est pas aujourd'hui qu'il réussirait à faire quelque chose. Il abandonnait pour la journée.
Maintenant, il se contentait juste de prendre le soleil. C'était bien aussi comme programme. Il observait un pigeon qui s'était posé sur la rambarde du balcon. Il avançait, roucoulant, sa tête secouant au rythme de ses pas. Cela faisait rire Arthur, qui se disait que ça devait être foutrement con un pigeon. Enfin, pas tant que ça, vu que c'était utilisé comme messager... Mais quand tu les voyais, comme ça, ça ne sentait pas l'intelligence. Le volatile s'arrêta de marcher, fixant Arthur dans les yeux. "Qu'est-ce que tu me veux Raymond ?" Car oui, allez savoir pourquoi, Arthur avait décidé de donner un prénom au Piaf. Il regarda le pigeon, le pigeon le regarda... Arthur avait l'impression qu'il sondait son âme.
Et puis sans prévenir, le volatile secoua les ailes plusieurs fois en direction de l'humain, qui prit un peu peur, croyant se faire attaquer et se mit en boule. Le pigeon en profita pour passer au dessus de lui et rentrer dans l'appart. "Meeeeerde. Reviens-là !" Il alla à son tour à l'intérieur, voyant le pigeon qui volait partout, lâchant au passage quelques défections. "Putain, sale Piaf, dégage de là." dit-il en secouant les bras, essayant de faire peur à Raymond le Pigeon, mais ce dernier semblait s'en contrecarrer. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire... Appeler de l'aide. "FRY !" gueula-t-il "Ramène ton cul, on a un problème." Entre temps, Raymond le Pigeon s'était posé en haut d'une armoire et regardait Arthur avec dédain (c'est l'impression qu'il avait), le narguant.
(c) nightgaunt
Sujet: Re: I poop on your head, deal with it. ➸ Fryture 09.08.20 15:25
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I poop on your head, deal with it.
Fryture
Les yeux fixés au plafond comme s’il risquait d’en tirer la moindre inspiration, Fry poussa un soupir. Allongé sur son lit, sa guitare préférée prête à vibrer au contact de ses doigts, son troisième joint de l’après-midi coincé entre ses lèvres, il avait pourtant mis toutes les chances de son côté pour réussir à pondre quelque chose. Mais c’était comme ça depuis qu’il avait compris qui il était. Toute créativité l’avait quitté, étouffée par un espèce de complexe d’infériorité mal placé. S’il était Chopin, il pouvait faire mieux. S’il était Chopin, il devait faire mieux. Son prochain morceau se devait être une masterpiece. Mais de quoi devait-il parler ? D’amours brisés ? De drogues ? De mort ? Non, le rock était rempli de morceaux du genre. Fry tira une latte sur son joint. Peut-être qu’il pouvait tout simplement parler de ça. De ce que c’était de vivre dans sa propre ombre. Tous les souvenirs étaient là, gravés dans son crâne, mais ils émanaient d’une autre vie, presque de quelqu’un d’autre. Comme un frère jumeau qu’on admire autant qu’on déteste de mettre autant en valeur notre propre médiocrité. Ouais. En voilà, un sujet qui changeait un peu. Et puis, si Fry se refusait à faire son coming out de Chopin aux yeux du monde, il n’avait rien contre l’idée de laisser quelques indices derrière lui. Repoussant sa guitare pour se redresser, il attrapa une feuille et un stylo, sentant une vague d’inspiration passer. Il se connaissait assez pour savoir qu’elle ne durerait pas longtemps et qu’il ne fallait pas la laisser lui échapper. Mais la voix d’Arthur résonna soudainement dans le salon, l’alertant d’un problème. Posant son stylo à regret, Fry se leva. « C’est quoi le soucis ? » demanda-t-il, entrant le plus tranquillement du monde dans le salon. S’il y avait un truc que le jeune homme ne faisait pas, c’était s’inquiéter. Pas après trois joints, en tout cas. Il suivit le regard de son colocataire, pour finalement remarquer le pigeon perché au dessus de l’armoire. Cette vision lui arracha un petit rire. « Oooh, salut toi ! » Il aimait bien les pigeons. C’était marrant, les pigeons. Que l’un d’entre eux soit entré chez eux représentait tout sauf sa définition d’un problème. Mais apparemment pour Arthur, ça l’était. Cherchant une explication à cet état de fait, il finit par remarquer les fientes parsemées d’un bout à l’autre du salon. « Ah ouais mais s’il sait pas se tenir en société aussi… Heureusement que c’est pas une vache. » La remarque lui paraissait parfaitement logique, mais après réflexion, les risques de voir une vache entrer dans un appartement étaient sacrément minces. Il se reprit : « Je veux dire, heureusement que les vaches volent pas.... t’as compris. » Lui lançant un regard entendu, il remonta son jean et coinça son joint derrière une de ses oreilles, visiblement prêt à prendre les choses en mains. « T’inquiètes, je sais ce qu’il faut faire, je l’ai vu dans Friends. » Plein d’assurance, il alla chercher une grosse casserole et son couvercle dans la cuisine. Sauf qu’arrivé au pied de l’armoire, il n’était soudainement plus si sûr de lui. Rachel avait réussi à attraper un pigeon, oui, mais le sien n’était pas allé se percher si haut. Alors, après quelques secondes d’hésitation, Fry fit quelque chose de parfaitement stupide : lancer le couvercle en direction du pigeon. Cela ne fit pas magiquement entrer celui-ci dans la casserole, mais le bruit de métal qui résonna dans l’appartement eut au moins l’effet de le faire s’envoler pour une autre cachette : la chambre d’Arthur.
Arthur observa le pigeon, les bras croisés, tout en se disant que s’il l’attrapait, il finirait à la casserole. Ça se mange le pigeon, non ? Il avait cru voir ça une fois dans une émission culinaire. Enfin il ne savait pas trop où Raymond le pigeon avait pu traîner et s’il se disait que son estomac était sûrement plein de déchets, de cochonneries. Les pigeons, ça mange de la merde. Bref, Raymond le pigeon ne devait pas être comestible. Sans lâcher le pigeon du regard, Arthur remarqua dans sa vision périphérique que Fry arrivait enfin. "Le souci c'est ça" dit-il en pointant le pigeon du doigt.
Fry ne semblait pas autant inquiet que son colocataire. Après il n'avait pas encore vu l'étendu des dégâts. Car dès qu'il avait vu les défections un peu partout, il fit une remarque. "Gros, si une vache était rentré dans le salon par la fenêtre faudrait se poser des questions... Ou alors ta came est vraiment bonne." dit-il avant de prendre le joint que Fry avait calé derrière son oreille pour se l'allumer. Il semblait avoir une idée pour dégager le pigeon, alors Arthur le laissa faire, tout en fumant le joint (même si ce n'était pas conseillé avec son traitement... Qu'il ne prenait pas de toute manière). Arthur c'était le genre de personne qui laissait les autres se démerder, tout seul, et qui disait après j'aurai pas fais ça comme ça, ce genre de gars relous. C'était exactement une de ces situations qui se déroulait devant ses yeux. Il n'était pas sûr que la casserole soit une bonne idée, mais il ne disait rien. Il observait. Il sursauta quand Fry finit par balancer le couvercle, ne s'attendant pas à ça. Le Piaf battu des ailes avant de finir sa volée dans la chambre d'Arthur. "Ah bah bravo Nils, super pour l'appareil photo..." dit-il, à la fois sur le ton de l'humour, à la fois sur un ton blasé.
Arthur alla dans sa chambre, à la poursuite du pigeon. Raymond s'était posé sur le lit. "Je te préviens Raymond, tu n'as pas intérêt de chier sur ma couette !" Etait-ce une phrase qu'il aurait pensé prononcer un jour... Hmm, peut-être, dans sa vie passée, elle avait été plutôt excentrique. Etant donné qu'Arthur n'était pas un amoureux du ménage, il se tourna vers son coloc pour demander : "Tu le ranges où le balais ? Et pas la peine de répondre dans ton cul, j'te vois venir." Car il n'avait aucune idée d'où il pouvait être. Il se disait que lui donner des coups de balais, en le dirigeant petit à petit vers la fenêtre aurait plus de chance de marcher... Maintenant il se posait la question... Est-ce qu'ils avaient un balais ou un aspirateur ? Car aspirer le pigeon, ça n'allait pas aussi bien marcher...
(c) nightgaunt
Sujet: Re: I poop on your head, deal with it. ➸ Fryture 24.01.21 16:21
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I poop on your head, deal with it.
Fryture
Reposant sa casserole, passablement déçu par sa défaite, Fry suivit le pigeon et Arthur dans la chambre de ce dernier. Face aux menaces proférées par son colocataire, il ne put s'empêcher de passer soudainement dans la Team Raymond. Soyons honnête, s’il chiait sur la couette, cela forcerait son colocataire à changer ses draps sans attendre sa prochaine phase maniaque. Ce serait une perte non négligeable pour la population acarienne, mais il fallait savoir faire des sacrifices, dans la vie. « Euh, le balai se range dans le placard de l’entrée, » répondit-il à la question de son colocataire, avant de reprendre, mal à l'aise : « Mais là il y est pas. Je l’ai fait tomber derrière le frigo en essayant de récupérer une boîte de thé.» Et il avait eu la flemme de pousser le frigo pour le récupérer il y a trois mois, bien entendu. Ca aurait nécessité l'immense effort de virer tout ce qui trainait sur le frigo en premier lieu. Maintenant qu'il y pensait, c'était un miracle que l'appartement n'ai pas encore pris feu. « Mais on a un aspi, si tu veux. » Raymond sembla comprendre ce qui se disait, car il s’envola soudain, paniqué, avant de buter contre la vitre de la fenêtre. Fry s’approcha tranquillement, visiblement toujours aussi peu stressé par la situation, pour l’ouvrir ; mais l’oiseau était déjà allé se cogner contre d’autres murs de la pièce. « Je le trouve marrant, moi, peut-être qu’on pourrait le garder et l’éduquer comme une pie pour qu’il paie son loyer en objets brillants volés ? » Bon, c’était sans doute faire preuve d’un peu trop d’optimisme concernant les capacités cognitives de ce stupide piaf, mais après tout il y avait eu des pigeons héros de guerre, c’était peut-être une idée à creuser. Si la cohabitation se passait bien, Raymond pouvait même devenir un genre de mascotte un peu stylée pour son groupe ?
Fry s'arrêta de déblatérer des conneries pour réfléchir un instant. Si Arthur refusait de garder l'oiseau comme animal de compagnie et de lui prêter sa chambre - décision qu'il était bien obligé de comprendre - il fallait trouver autre chose pour le faire dégager de là. Après quelques secondes de réflexion, Fry attrapa la couette de son colocataire, la tenant comme la cape d'un toréador, et la jeta sur l'oiseau. A sa grande surprise, elle tomba parfaitement sur sa proie. Celle-ci paniqua quelques secondes, se débattant avec frénésie, avant de s'arrêter de bouger tout aussi subitement. Fry avait l'impression d'avoir attrapé son premier pokémon. Top. Parfait. Super. Il n'y avait plus qu'à trouver quoi faire, maintenant.
