Les cours ? Pour quoi faire ?

FT. BEATRIZ

Putain de cours de maths. Je hais vraiment, mais alors vraiment, ça. En plus, la prof, elle pue de la gueule. Ouais, c’est une abomination quand elle s’approche de toi pour t’expliquer un exo. Obligée de faire de l’apnée… Et j’ai jamais été douée en apnée. Mais surtout, qu’est-ce que j’en ai à branler des équations de merde là. Je veux pas finir mathématicienne moi. Qu’est-ce que je veux faire de ma vie ? Ça, j’en ai foutrement aucune idée, mais pas des maths, ça c’est sur. Je veux faire un taff où on ne vienne pas me casser les couilles. Merde, j’en ai pas… Me briser les ovaires, alors. Je veux un taff pas chiant… Ça existe ou c’est une légende, comme le père noël ? Pour répondre aux problèmes des maths... Maths, Problème, haha, je suis trop drôle… J’ai décidé de ne pas y aller. C’est plus simple comme ça. N’est-ce pas la meilleure solution possible ? J’envoie un message à une pote pour demander ce qu’elle compte faire. Elle à un côté plus intello et sérieux que moi et compte rester au cours. Tant pis pour elle, tant mieux pour moi. Je tricherai sur elle à l’exam. Malynx le lynx. Les intellos, ils sont relous à être sérieux, mais c’est pratique pour garder une moyenne convenable et ne pas se faire défoncer par ses parents.

Je me dirige naturellement vers les escaliers de la sortie de secours. Avec mes potes, c’est notre coin. Le notre et à personne d’autres. C’est ici qu’on se retrouve pour fumer des joins et refaire le monde, en discutant. C'est à l'abri des regards, parfait pour faire des conneries sans se faire chopper. Malheur ! Quelqu’un est déjà là ! Pourtant, tout le lycée sait que c’est notre territoire auto-proclamé. Faut la dégager à coup de pieds dans l’cul ! Attends, attends, faut que je sois moins associable. Je n’ai jamais vu sa tronche auparavant. Après, ouais, le lycée est grand, je connais pas tous les élèves, mais j’ai au moins une idée de qui le fréquente. Cette gamine là… Inconnue au bataillon. “Salut…” J’arrive à sa hauteur, je ne sais pas quoi dire, alors je pose une question très intelligente. Très intelligente. “T’es qui ?” Et je sors mon paquet de clope de ma poche, j'en allume une et je souffle un nuage de fumée. Ouais, ça me donne un air super badass.

(c) ANAPHORE

Je vole, comme un aigle royal, je vole au dessus des lois.

Les cours, pour quoi faire ?

Elle commençait déjà à sécher les cours. Est ce que c'était mal commencer l'année qui se finissait déjà bientôt ? Oui probablement. Mais Beatriz ne tenait pas en cours. Probablement parce qu'elle ne comprenait rien, qu'elle s'en foutait, et qu'en plus... Elle comprenait plus qu'elle l'estimait quand même, et que ses notes n'étaient pas si mauvaises.
Pas si mauvaises ne signifiaient pas qu'elle pouvait débarquer en cours, se taper un A les bras attachés et les yeux fermés. Ca signifiait que malgré toutes les conneries qu'elle enchainait, elle ne se tapait pas que des F, et savait garder une moyenne convenable, qui flanchait néanmoins pas mal.

Aucune surprise.
Elle était plus habituée à causer espagnol qu'anglais, et en prime, l'éducation était pas tout à fait la même.

Mais tant pis, Beatriz n'avait guère envie d'insister, et était partie sans demander son reste, piquant une clope à un type en chemin, pour s'essayer à fumer de façon sexy. C'était sa nouvelle lubie, et en même temps, elle avait cette impression que plaire et faire des positions pour ça, lui venait naturellement.
Comme si elle était habituée à devoir plaire pour.... Obtenir plus.
Elle repensait à ça, quand elle songeait à ses cernes, et à ses foutus cauchemars qui la dévorait.

Bea se posa dans un coin du lycée, tranquillement, le temps de se calmer les méninges, et de réfléchir à ce qu'elle allait bien pouvoir faire si elle se faisait choper, ou si Carmen apprenait que sa soeur faisait toujours n'importe quoi.
Même si aujourd'hui, là, maintenant, à l'instant, elle n'était pas sûre d'être totalement fille, parce qu'elle voulait être autre chose et qu'elle n'acceptait pas de pouvoir l'être.
Devant son esprit embrouillé, elle tira une plus grosse taffe, sans tousser, comme une grande.

C'est là qu'une fille se ramène. Elle semble plus jeune, mais de la même trempe que Bea. Elle le sent, la renarde. Elle sait lire sur les gens, même un peu, même assez pour savoir si elle doit se méfier ou pas.
Mais elle la jauge de haut en bas, et à un petit sourire en coin.
Bah. Autant être sympa, un peu.

- Ca t'intéresses, hm ? J'suis la renarde, et si t'as pas encore entendu parler d'moi, c'est juste que je débarque ici.

Il était vrai, que Beatriz savait faire parler d'elle. Elle eut un petit sourire en coin.

- Et toi ? T'es qui ?

Beatriz lorgna son paquet de clope, et se dit qu'au moins, elle, elle pouvait s'en acheter. Tandis que Bea devait se contenter d'en piquer à des proches...

FT. BEATRIZ

“Ca t'intéresses, hm ?” Si ça m’intéresse ? Je suis plutôt curieuse, voilà tout ! Je me demande qui est la personne qui peut venir sur mon territoire. Ouep, MON territoire. Je ne veux pas laisser des pimbêches trainer par ici. Après elles vont ramener leurs mecs et cet endroit va se transformer en baisodrome. Merci mais non merci. Je regarde la nana devant moi. Elle a pas l’air de cet acabit. Ça a l’air d’être une meuf cool. Les gens me disent que je ne dois pas juger quelqu’un d’un coup d’oeil, mais j’ai le nez pour ça. Quand j’ai une première impression, c’est toujours la bonne. Quoiqu’en dise les rageux, je ne me trompe jamais. Cette fille, elle m’inspire confiance, et je ne donne pas ma confiance à n’importe qui… Juste ceux qui ne sont pas prise de tête. “J'suis la renarde” . J’espère pour elle que c’est un surnom, sinon ses parents ne doivent pas beaucoup l’aimer. Après, j’entends un petit accent… Peut-être que dans son pays, ce genre de prénom est classe ? Enfin, je ne dois pas oublier qu’aux Etats-Unis, il est normal d’appeler son chiard X AE A-XII. En voilà un qui va se faire frapper à la rentrée. “et si t'as pas encore entendu parler d'moi, c'est juste que je débarque ici” j’esquisse un sourire, elle a de l’aplomb, j’aime bien. “ Et toi ? T'es qui ?” Je décide de répondre sur le même ton qu’elle. “Moi c’est Olly, et si tu n’as pas encore entendu parler de moi, c’est bien que tu débarques ici.” Malheureusement. Ou pas. Ma réputation me précède. Pour certain, je suis la chieuse de service qui se mêle de ce qui ne la regarde pas et pour d’autres je suis un modèle qui n’a pas peur de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Affirmer ses idées, ça ne plaît pas à tout le monde. Les gens peuvent penser ce qu’ils veulent de moi, je m’en tamponne grave. Je remarque que la Renarde louche sur mon paquet de cigarette. “Tu en veux une ?” Ouais ouais, je sais, je suis grave généreuse… C’est que j’ai surtout l’habitude d’en taxer qu’il serait con de ma part de ne pas en proposer en retour.

(c) ANAPHORE

Je vole, comme un aigle royal, je vole au dessus des lois.

Les cours, pour quoi faire ?

Beatriz restait sur ses gardes. Toujours. Quand on était une adolescente aussi "rebelle" qu'elle, elle se méfiait constamment. Parce qu'après tout, elle s'attirait toujours des ennuis, et elle faisait rarement confiance. La fille se présenta comme étant Olly. Ainsi, les deux jouaient de surnom. Mais ça lui allait.
De ce qu'Olly lui sortit, elle avait sa propre réputation.
Beatriz sembla intéressée. Elle était curieuse de savoir ce que l'autre voulait dire par là. Tandis qu'elle terminait sa clope, l'autre lui en reproposait une.
Hm. Hm. Ca lui plaisait bien tiens.

- Ouais.

Mais qu'Olly lui propose une cigarette, montrait au moins qu'elle n'était pas mauvaise. Ca lui plaisait bien. La renarde eut un petit sourire en coin.

- Et c'est quoi ta réputation à toi, Olly ? Celle qui file les clopes aux gens ? ...Nan t'as pas la tête que pour ça....

Beatriz aussi avait le flair. Elle pouvait sentir que cette fille était bien spéciale, et qu'elles avaient la même odeur. La renarde était maligne, donc elle se doutait facilement des choses.

- Mais ça va, t'es cool de me laisser fumer tes clopes. J'retiens au moins ça.

FT. BEATRIZ

Elle a l’air encore crispée la gamine… Enfin je dis gamine mais si ça se trouve, elle est plus vieille que moi. Mais je vois bien dans son regard qu’elle ne me fait pas confiance. Pas grave, je ne me fais pas confiance non plus. A ma question, elle réponds un simple. “Ouais” Et un merci, ça t’écorcherait la gueule ? Enfin, je ne me focalise pas là dessus. Même si les gens qui ne disent pas merci, ça m’énerve grave. Pourtant, je ne suis pas une fille à fond sur la politesse, mais c’est la moindre des choses quoi. Je lui tends une de mes clopes, heureusement ce n’est pas ma dernière du paquet. “Et c'est quoi ta réputation à toi, Olly ? Celle qui file les clopes aux gens ? ...Nan t'as pas la tête que pour ça.... “ Haha, ça serait une drôle de réputation ça… Enfin, un peu triste aussi, car ça voudrait dire que je suis la meuf trop gentille, la bonne poire. Et je suis tout l’inverse. “Naaaan, j’ai plutôt une réputation de la meuf grande gueule. On dit que je râle pour tout et n’importe quoi… Ce qui n’est pas faux.” Ce n’est pas que je suis chiante, c’est juste que je m’exprime. De manière récurrente et très bruyante. “Je suis aussi la présidente de l’asso féministe du lycée, ça ne plait pas à tout l’monde.” Inutile de dire que toute la tripotée des joueurs de foot et les pompom girl, n’ayant qu’un pois chiche en guise de cerveau, n’aime pas quand j’essaye d’interdire les lavages des voitures en bikini car ça donne une image dégradante de la femme. Mais il existe une meilleure façon de gagner de l’argent sans passer par une pratique des plus archaïques. Mais non, en 2020, il existe encore des gens qui se croient à l’âge de pierre. Est-ce que l’humain va un jour évoluer ? J’ai l’impression que ça ne date pas d’aujourd’hui que ce genre de combat existe. Oh wait, ancien moi peut le prouver. “Mais ça va, t'es cool de me laisser fumer tes clopes. J'retiens au moins ça.” Je lui offre mon plus beau sourire. “Ouais, je suis la meuf la plus cool du lycée !” Mais certainement pas la plus modeste. De toute manière, la modestie, ça ne sert à rien. “Sinon, c’est quoi ton vrai nom ? T’es là depuis quand ? Tu viens d’où ?” Ouais, je pose beaucoup de questions, mais je suis curieuse aussi. C’est pas tous les jours qu’on a du sang neuf dans ce lycée.

(c) ANAPHORE