Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens. ➸ Parthur #1

Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens.

@Paul R. Dickson & Arthur D. Porter

Si vous cherchiez la définition du mot retard, vous trouveriez Arthur en photo d'illustration. Il n'était certainement pas né avec une horloge dans la tête. La lecture devait avoir commencé depuis plus d'une heure quand il entra dans le café, si bien qu'il reçu de nombreux regards noirs quand il passa la porte, les personnes se sentant dérangées. Arthur ne s'en formalisa pas et alla s'asseoir dans le fond de la salle après avoir récupéré le programme. Il parcouru rapidement ce dernier des yeux. Heureusement, il avait d'autres lectures après, il avait juste raté les deux premières.

Arthur avait vu sur les réseaux sociaux qu'un café littéraire allait organiser une après-midi où, des écrivains en herbes venaient faire une lecture de leurs nouvelles. Il aimait bien ce genre de choses et essayait d'y participer quand c'était possible. Il se disait ainsi que l'inspiration reviendrait peut-être. Mais malgré les nombreuses lectures auxquelles il avait participé, les pages restaient blanches.

Pour l'instant, Arthur n'était pas emballé par ce qu'il entendait. Une histoire d'amour entre un vampire et une jeune adolescente. So 2010. Il avait du mal à croire que ce genre d'histoire puisse encore intéresser quelqu'un à l'heure actuelle. Toute la hype autour des vampires était fini depuis longtemps maintenant. Ce qui était assez ironique, là où on s'attendait à un jeune homme bellâtre, c'est que l'auteur était un homme dans la soixantaine d'année, avec des lunettes à double-foyer, des poils sortant de ses oreilles. Arthur soupira, regardant autour de lui, observant les gens pour s'occuper. Son regard s'arrêta sur un homme de dos. Sans qu'il sache pourquoi, il était attiré par lui et n'arrivait pas à s'en détacher.

L'homme tourna la tête un court instant et Arthur eut le sentiment d'être projeté des années en arrière. C'était Paul. Paul Verlaine... Il en était sûr. Il ne saurait dire pourquoi il avait cette certitude, mais pour lui, c'était une évidence. De toute manière, pourquoi retrouvait-on des réincarnations à Santa Barbara ? Il y avait des mystères dans cette ville qu'Arthur ne cherchait pas à comprendre. Paul et lui avaient toujours été liés, alors il était normal de retrouver cette connexion à l'époque actuelle.

Arthur passa la suite de la séance à fixer Paul, avec la ferme intention d'aller lui parler quand tout cela serait fini. De toute manière, il ne pouvait pas se concentrer, il avait trop de questions en tête. Était-il au courant de qui il était ou était-il encore dans l'ignorance ? Comment allaient se dérouler ses retrouvailles ? Et s'il s'en souvenait... Voudrait-il discuter avec lui ? Cela faisait depuis longtemps qu'Arthur ne s'était pas senti aussi chamboulé. Maintenant que la séance était terminée, tout le monde se leva pour vaquer à leurs occupations. Arthur sauta de son siège pour essayer de retrouver Paul... Qu'il trouva nul part. En tournant vers la sortie, il s'aperçut que ce dernier s'apprêtait à partir. Il se précipita à sa poursuite, avant de lui attraper le poignet. "Paul, attends !" Face au regard interrogatif de l'homme en face de lui, il rajouta. "C'est moi, Arthur..." Il espérait vraiment que son ancien amant se souvienne tout de sa vie passée. Depuis qu'il avait retrouvé ses souvenirs, Arthur voulait retrouver Paul. Il savait qu'il était à Santa Barbara et il avait eu raison. Alors maintenant, il était hors de question de le laisser partir.

Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens.

@Paul R. Dickson & Arthur D. Porter

Paul est un directeur de maison d’édition professionnel. Il ne reste pas dans son bureau à se tourner les pouces. Au contraire, il était toujours sur le terrain à chercher de nouveaux talents. Pour le grand brun, il était naturel d’agir ainsi et de dénicher de nouveaux écrivains. Bien évidemment, il pourrait laisser son équipe s’en charger. C’était déloyal de sa part. Et puis, il était très certainement le seul à savoir ce qu’il voulait comme prochain prodige de la littérature. Il avait beau faire des réunions pour dire la ligne directrice de ce qu’il souhaitait, il préférait aussi chercher de son côté. Et puis, la littérature était une véritable passion pour lui. Bien évidemment, des écrivains anonymes ou non pouvaient envoyer leur texte à la maison d’édition. Mais Paul le savait, les écrivains les plus talentueux étaient ceux qui pouvaient être les plus discrets et les personnes les moins sûres d’elle. Il lui arrivait d’écrire des textes lui aussi, des poèmes mais également des nouvelles. Il ne comptait pas se faire publier. C’était son moyen de déverser ses émotions lorsqu’elles étaient trop fortes et qu’il était au bord de l’implosion. L’écriture était une véritable thérapie pour lui. Il était marié et il accueillerait son deuxième enfant prochaine. Une vie de rêve, une belle maison et une vie de famille aimante. Pourtant, même la plus belle vie du monde pouvait avoir quelques bas. C’était à ce moment-là qu’il prenait son carnet et qu’il griffonnait quelques phrases. Il n’était pas prêt à faire connaître au monde entier ce qu’il écrivait. C’était son jardin secret, son intimité.

Aujourd’hui, il avait entendu parler d’une rencontre d’écrivains qui venaient lire leurs essais à un public appréciant la littérature. Un café littéraire autrement dit. Il avait donc décidé de s’y rendre pour pouvoir dénicher de nouveaux talents. Ce genre de rencontre n’avait plus de secrets pour Paul. Il lui arrivait de faire chou blanc et puis des fois, il était séduit par le choix des mots d’un auteur, par la sensibilité de la plume de cette personne et il lui donnait sa carte pour pouvoir le publier. Il était ponctuel et était donc arrivé légèrement en avance pour avoir une place de choix. L’écoute était quelque chose d’important et la lecture d’un roman par son propre auteur était quelque chose de fascinant. On pouvait sentir toute l’importance des mots choisi et parfois même sentir l’âme de la personne dans le texte lu. La quiétude du lieu avait été entachée par la venue d’un jeune homme avec pas mal de retard. Paul n’en avait rien fait mais les autres personnes n’avaient pas été si sympathiques, lui lançant des regards noirs. Après tout, l’intrus était arrivé à un moment des plus soporifique pour le directeur d’une maison d’édition. Cet homme d’une soixante d’années n’était pas très bon dans le domaine des romans pour adolescents. D’ailleurs, c’était risible de le voir s’essayant à ce genre. Paul ne jugeait pas, mais l’intention n’était certainement pas la bonne. En tout cas, il n’y avait aucune passion dans ce qu’il avait écrit. Ce n’était qu’un point de vue subjectif. En tout cas, il était persuadé d’une chose, il ne s’agissait pas du nouveau talent qu’il cherchait. Finalement, ce café littéraire se trouvait être un de ces moments où il ne trouvait personne d’intéressant. Aux yeux du grands bruns, ce n’était pas si grave. Il aurait d’autres occasions. Lorsque le dernier auteur sonna la fin de son texte, il se leva prêt à partir. A cet instant, il sentit une main venir enserrer son poignet tout en l’interpelant. Il se retourna mais ne reconnut pas le visage de cette personne. La surprise devait très certainement se lire sur son visage. Il se présenta comme étant Arthur. Mais il ne connaissait pas de jeune homme qui se prénommait ainsi. Était-ce un de ses auteurs anonymes ? Il n’en savait rien. Mais en tout cas, ce gars avait l’air de le connaître.

« - Euh… Excusez-moi mais je ne crois pas vous connaître. Peut-être que vous êtes un de mes auteurs anonymes ? Ou bien vous vous trompez tout simplement de personne. Je suis vraiment désolé. »

Il passa sa main dans ses cheveux, un peu gêné face à la situation. Il aurait aimé pouvoir aider ce jeune homme. Mais il n’avait pas l’air de pouvoir faire grand-chose pour l’aider. En tout cas, il avait beau le regarder, il n’avait pas l’air de le reconnaître…

Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens.

@Paul R. Dickson & Arthur D. Porter

Maintenant qu'il voyait Paul de face et de près, Arthur en profitant pour détailler son visage. En tout cas, son sentiment, disant qu'il avait en face de lui son amant mardi ne disparaissait pas, c'était même l'inverse. A l'époque, Paul n'avait pas un physique des plus avantageux, mais pourtant Arthur l'avait aimé à en mourir et maintenant... Paul était beau à se damner. Des yeux bleus pleins de mélancolie, un petit sourire au coin des lèvres, Arthur avait juste envie de le prendre dans ses bras, retrouver leur ancienne relation, mais il savait que ça ne serait pas aussi facile. Surtout en vu de la réponse que Paul venait de lui donner.

Arthur ne pût cacher sa déception. Il aurait bien aimé des retrouvailles comme on en voit dans les films, mais apparement, ce ne serait pas le cas. Il secoua la tête de gauche à droite face aux questions de Paul. "Non non, je ne suis pas un écrivain anonyme. Enfin j'écris... Ecrivais..." Il s'arrêta de parler, là n'était pas la question et il ne voulait pas que ses retrouvailles avec Paul soit parasitées par des pensées négatives dû au fait qu'il ne fasse plus rien. "Je ne me suis pas trompé, non plus." Arthur était le genre de personne avec beaucoup de certitude, alors quand il était persuadé d'avoir raison, borné, il était près à tout pour le prouver. Maintenant, il fallait qu'il en fasse de même avec Paul.

Arthur réfléchit, il aurait bien aimé lui dire cash toute la vérité, mais il avait peur de faire fuir Paul. En général, il ne cachait pas qu'il était la réincarnation d'Arthur Rimbaud. La plupart des personnes le regardait comme s'il était fou et prenaient leur distance. Il s'en foutait la plupart du temps, mais cette fois, ce n'était pas le cas. Alors, il réfléchit à une manière d'annoncer les choses en douceur... Ou en tout cas, du mieux qu'il pouvait. "Dis-moi Paul, tu as entendu parler de la légende autour de Santa Barbara ?" demanda-t-il avant de reprendre "Tu en penses quoi ?" Il espérait qu'il croit en la légende, ainsi il pourrait mieux amener la nouvelle. A contrario, s'il n'y croyait pas du tout, il ne savait pas ce qu'il allait faire.

Avec le recul, Arthur se dit que sa manière d'aborder Paul devait être plus qu'étrange, alors il reprit une conversation normale afin de ne pas passer pour un gros psychopathe, ou du moins essayer. "Sinon, comment tu as trouvé cette lecture ? Je dois avouer que je me suis un peu ennuyé..." dit-il avec un petit rire. A vrai dire, dès le moment où il avait reconnu Paul, il n'avait pas vraiment fait attention au reste de ce qui se disait. Vu le début, si le reste était pareil, il savait qu'il n'avait rien loupé. "Tu parlais d'auteur anonyme, tu bosses dans l'édition ?"